
Nous sommes des êtres de langage et les mots de l’être aimé sont capables de nous illuminer…ou de nous miner ! Beaucoup reconnaissent le pouvoir suggestif et excitant de la parole, mais bien peu sont capables de l’utiliser correctement.
Exprimer ses désirs pendant l’amour permet d’épicer les ébats. C’est un jeu dont la règle principale est très simple : exciter son partenaire au maximum, faire grimper son désir. C’est un jeu, certes, mais c’est loin d’être un jeu d’enfants !
Parler c’est oser être mis (e) à nu. Avant de parvenir à apprivoiser les mots, le plus compliqué, je crois, que c’est d’oser, oser parler de ses réticences, explorer l’inconnu. Oser se parler d’amour, c’est déjà le faire. (c’est beau ça hein ? )
Parler ? Ok ! Mais dire quoi ? Et comment les dire ces foutus mots ? Même si on n’a rien contre l’idée de parler pendant l’amour, on peut manquer d’imagination, d’inspiration et / ou on peut avoir peur d’être ridicule voire d’aller trop loin.
Sans rentrer dans un monologue qui durerait tout le coït, décrire ce que l’on ressent, quand notre partenaire nous fait « ça ou ça » , dire que l’on ressent « ça ou ça » , peut augmenter votre complicité. On n’offre plus simplement des émotions vagues que l’autre interprétera, mais une véritable lecture de notre plaisir. Et, dans le feu de l’action, l’impression d’une complicité forte augmente le plaisir.
Ces mots, on les chuchote, on les provoque, on les espère… Certains sont de grands parleurs, pas toujours à bon escient d’ailleurs ! Mais ils prouvent qu’en faisant l’amour, ils ne sont pas dans leur bulle, focalisés sur eux, mais bel et bien en symbiose avec leur partenaire.
D’autres se réfugient dans le silence, les mots partout au bord des lèvres avec la frustration qui s’ensuit. « J’aime ça mais il ne me le fait jamais » versus « J’aimerais lui faire ça mais je n’ose pas lui demander ». Une question de pudeur, de timidité, peut-être ?
L’attente des mots qui enflamment le désir est importante, forte, douloureuse, surtout chez nous les femmes (…enfin, chez moi en tout cas !). Ils sont un aphrodisiaque en soi. Ça peut paraitre stupide mais même un mot doux, pas tendancieux, un simple « mon ange » peut éveiller un désir. Comme si l’autre nous caressait avec ses / ces mots.
La sexualité ouvre tout un champ, un échange de « compétences » (enseignante, sors de ce corps ! ), les langages (corporels, émotionnels, sensoriels) se mêlent et s’ajustent ; pourquoi ça paraît si compliqué d’y ajouter des mots ? Et pourquoi ça semble si essentiel ?
Pendant des siècles l’amour s’est fait dans le noir et le silence, la révolution sexuelle n’a pas fait beaucoup avancer sur ce plan, toujours une pudeur, comme si parler empêchait d’agir.
Pour beaucoup le sexe est quelque chose de naturel, pas besoin d’en parler. Mais si c’était aussi naturel, tout serait beaucoup plus simple, non ? Je crois que la plupart des couples en difficulté sont des couples dans lesquels on ne parle pas, ni au quotidien ni de sexe. En revanche des vieux amants, des amants complices, ceux qui n’ont plus de tabou, se donnent des indications précises pour mieux jouir, à deux. Même si on vit une belle complicité érotique silencieuse c’est le plus souvent en parlant de ses sensations qu’on invite l’autre à préciser les siennes. Et une fois son appréhension à dire dépassée, les soupirs, les gémissements sont alors des signaux qui mettent sur la voie du plaisir.
Quels mots sont de nature à déclencher le désir ? Quels sont ceux qui mettent en confiance et assaisonnent, pimentent le fond sonore ?
DIFFÉRENCE HOMME / FEMME
Les mots confortent les hommes dans ce qu’ils sont en train de faire. Un « c’est bon », « encore » murmuré par leur partenaire les rassure, les encourage, les reconnait dans leur virilité.
Les femmes cherchent dans les mots et la voix de l’autre la confirmation de l’attachement, et du désir et rendent la relation vivante.
Au final nous cherchons toutes et tous la même chose, la réassurance au moment où les corps se mêlent.
Un simple « oui » peut avoir un pouvoir insoupçonné, apprendre à le dire, induit toutes les autorisations.
ALORS ? FINALEMENT, ON DIT QUOI ?
ON PEUT… GUIDER !
En soi ça n’a rien de sexy, ce n’est rien qui relève du fantasme mais au moins, dans la pratique, ça sert à quelque chose ! Attention à ne pas en abuser l’autre pourrait croire qu’il ne sait pas s’y prendre (et même si c’est le cas, il pourrait se vexer ! ). Donc on n’en abuse pas, on en susurre quelques-uns ici ou là histoire de guider l’autre sans rompre le rythme ou faire retomber les émotions et les sensations.
ON PEUT…DIRE DES MOTS DOUX !
Là aussi attention de ne pas tomber dans le monde des bisounours avec des papillons, des libellules, des petites fleurs et des cœurs qui virevoltent …en tout cas moi ça me beurk ! Chuchoter un prénom, oui. Complimenter, oui. Eventuellement dire que vous l’aimez, why not (encore faut-il être sûr que c’est réciproque, sans quoi vous le verrez se sauver à toutes jambes !). Mais trop de mots doux, calinous, peuvent faire retomber la libido comme un soufflé !
ON PEUT …DIRE DES MOTS CRUS, TRÈS CRU !
Un certain degré d’excitation atteint, ça peut le faire, tentez en quelques-uns d’abord histoire de voir si votre partenaire adhère. Sinon, d’entrée de jeu comme ça, si c’est fait en « mode bourrin » sans préparation préalable, comme ça sans prévenir, c’est mort…ça risque de faire basculer la clim’ sur 10°C d’un coup… Mais, quand il y a déjà une relation de confiance, de respect avec l’autre, et que c’est progressif, généralement ça fonctionne !
MAIS !
Ok, je viens de vous démontrer par A+B que vraiment c’est bien dans un couple de causer mais est-ce qu’il FAUT ? Que nenni !
Au lit, il ne « faut » rien. Pas d’obligations. Même pour faire plaisir à monsieur.
Pendant l’échange charnel, il s’agit d’abord de SOI, de SON rapport au sexe, à l’autre, aux désirs et aux fantasmes. Donc, parler pendant l’amour, juste parce que ça plaît à l’autre, mais que nous, ça ne nous va pas vraiment : c’est non. On a toutes le droit d’avoir des limites.
Donc si on doute, on laisse notre petite voix intérieure nous questionner : « Hey poulette, est-ce que tu as vraiment envie ou besoin de parler pendant l’amour ?. »
Se forcer est souvent le meilleur moyen de passer à côtés de ce qui aurait pu être une bonne expérience dans d’autres conditions.
Je pense notamment aux mots crus, ou insultes qui peuvent heurter la sensibilité.
On peut facilement se sentir « objet » voire « utilisée » , « pas respectée » . Si pour vous, ça va trop loin, mettez le « Hola » avant que Prince (charmant ou pas) ne s’emballe. Se respecter est la base d’une sexualité épanouie.
Idem pour l’après, on n’accepte pas un « quelle réponse de merde ! » balancé sur un ton inapproprié parce qu’on a répondu un « nickel » à la question pourrie « alors heureuse ? ».
ET SI …..
… on essayait de les taire ses mots qui nous brûlent les lèvres ? Et si on faisait parler les corps pour mieux taire les mots. Lisa Azuelos, elle, se demande si le silence ne serait pas finalement la clé des passions qui durent.

Je le lis…. et je vous raconte !
Mieux vaut être belle et rebelle que moche et remoche
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