Le jour de votre anniversaire, on a tendance à dire que tout vous est permis, enfin tout, excepté une seule chose, ne pas avoir envie de le fêter…
Non, je ne suis pas dépressif, non je n’ai pas peur de vieillir, non je n’ai pas l’intention de sauter de mon balcon ou dans un lac lesté d’une pierre autour du cou. Je suis juste totalement indifférent au fait de changer de dizaine et d’avoir 40 ans. Je trouve même le jour de son anniversaire d’une hypocrisie incroyable. Les gens se rappellent de votre existence grâce à une alerte d’un réseau social et vous oublie aussitôt jusqu’à l’année suivante. Je plaide d’ailleurs moi même coupable pour ce chef d’inculpation dans certains cas. Evidemment que les messages reçus font plaisir ce jour là mais ils sont tout aussi agréables voire plus un autre jour quand ils sont spontanés et non dictés par la crainte de faire partie de la liste noire des gens ayant oublié LE jour de l’année à ne pas rater. Moi même il m’arrive de me réveiller quelques jours trop tard pour l’anniversaire d’un proche et je culpabilise ensuite en ayant le sentiment que ce sera un boulet que je traînerai jusqu’à la fin de mes jours ou des jours de la personne en question (égoïstement je préfère la seconde solution). Avec les années, la perception du temps s’accélère inexorablement et le cercle des connaissances s’agrandit si bien que j’ai l’impression de passer ma vie à souhaiter des anniversaires et que les mêmes reviennent trop vite, et donc le mien avec…quel stress!
Mais 39, 40, 41, qu’est ce que ça change finalement? Pourquoi la quarantaine serait un cap à fêter plus qu’un autre? Il parait que c’est l’âge de raison alors je dois avoir raison de n’en avoir rien à faire… . J’ai l’impression que ce sont plutôt les autres qui ont envie de le fêter pour moi. Pour ceux qui sont dans les dizaines inférieures ça doit les rassurer en se disant qu’ils ont bien le temps d’y arriver. Remarque pour ceux là : les journées faisant 24 heures et les heures 60 minutes pour tout le monde, vous n’y arriverez ni plus vite ni plus lentement. Et pour les autres, ça doit probablement les consoler que j’y passe à mon tour.
Je me fiche pas mal de prendre une dizaine de plus ou un an de plus puisqu’au final je n’aurai qu’un jour de plus. Et je ne pense pas qu’en une nuit j’aie le temps de subir des modifications physiques et mentales qui suffisent à faire de moi quelqu’un de différent. Certes j’aurais surement deux ou trois cheveux en moins et perdu quelques neurones dans la bataille mais n’en déplaise à certains je compte bien continuer à être l’éternel gamin qui fait des blagues pourries à la chaîne. Et avec donc les neurones qui disparaissent au fil du temps, la qualité ne risque pas de s’arranger !
On dit que l’âge c’est dans la tête. Heureusement je ne pense pas en permanence à l’âge que j’ai mais plutôt à tous les chouettes projets qui m’attendent dans les semaines, mois et années à venir. Alors évidemment les tables d’espérance de vie et les probabilités ne jouent pas en ma faveur mais en cas de guerre nucléaire, d’explosion de météorites ou de réélection de Donald Trump j’en aurai toujours profité deux fois plus que le petit jeunot de 20 ans.
Finalement, la seule vraie chose à fêter c’est d’avoir atteint ce cap des 40 ans en pensant à tout ceux qui malheureusement n’ont pas eu cette chance. Pourquoi déprimer de quitter la trentaine pour rejoindre la quarantaine puisque de toute façon on n’y peut rien. Et puis surtout je sais déjà que je la regretterai en arrivant dans la cinquantaine comme j’ai regretté de quitter la vingtaine, alors autant en profiter à fond!
A 40ans, je n’ai pas de parka Canadian Goose, je n’ai pas d’Iphone ou d’Ipad, je n’ai jamais eu de Converse, je n’ai jamais vu Titanic dans son intégralité mais pire que tout, je suis célibataire sans enfants, non propriétaire d’un bien immobilier et je n’ai pas de Rolex! Autant dire que selon tous ces critères objectifs de réussite sociale j’ai raté ma vie. Pour ce qui s’achète, il y a toujours moyen d’y remédier mais pour le célibat et les enfants c’est plus difficile (même si pas impossible malheureusement…).
Mais que fait mon âme sœur? Eh bien j’espère qu’elle fait comme moi, qu’elle profite de la vie et explore le monde qui l’entoure. Et si c’est vraiment mon âme sœur, on devrait bien finir par se croiser dans le hall d’un aéroport, à vélo sur les pistes caillouteuses de l’île de Pâques, le matin aux aurores au marché aux puces d’Hrelic en Croatie, dans la foule du carrefour de Shibuya à Tokyo, sur un rocher à admirer le coucher de soleil face à l’Ayers rock en Australie, sur le pont d’un bateau tentant d’observer une baleine remontant à la surface humer l’air avec son rejeton ou encore à la cérémonie d’ouverture des prochains Jeux Olympiques! Et c’est là que d’être célibataire prend tout son sens, c’est déjà galère d’arriver à dénicher un seul billet pour cet événement alors deux…
Mais j’avoue que je culpabilise un peu de voir tous ces couples ivres de bonheur qui assurent ma retraite en agrandissant leur famille alors que moi je contribue plutôt à creuser le trou non pas de la sécu mais de la couche d’ozone avec tous mes voyages. Je suis en train d’abîmer la planète des futurs enfants que je n’aurai jamais. Un gros égoïste je vous dis. C’est probablement la raison pour laquelle mes amis, qui sont eux pour la plupart en couple, n’espèrent qu’une chose, que je rencontre quelqu’un. Je deviendrais peut être ensuite plus raisonnable et leurs enfants auront une meilleure chance de vivre sur une planète plus agréable.
Sérieusement, pourquoi tous les couples cherchent à caser leurs amis célibataires? Est-ce que moi je cherche à casser leur couple pour les rallier à ma cause de célibataire endurci ? Je sais que ça part d’un bon sentiment. Quand on a trouvé sa moitié, qu’en ajoutant les deux moitiés, la famille s’est agrandit, qu’on a réussi à la caser dans un bien immobilier qu’on aura bientôt fini de rembourser, qu’est-ce qu’il reste à espérer pour le futur excepté une retraite dorée et des petits enfants? Comme a priori, il reste quelques années de routine familiale à tuer avant ça, autant s’amuser à caser les copains. La cause est noble. Ayant atteint le bonheur suprême en famille, difficile d’imaginer que quelqu’un puisse être heureux seul. Eh bien pourtant, je vous assure que c’est tout à fait possible. J’en suis même à me demander si ça ne fait pas peur à certains de se dire que finalement le bonheur ne se vit pas forcément à deux ou en famille. ça peut remettre en cause pas mal d’idées reçues et forcer certains à revoir leur conception de la vie idéale. Autant dire que je suis l’exemple à ne surtout pas suivre pour les compagnes de certains de mes amis qui font tout pour que je les vois moins. On ne sait jamais des fois que le besoin d’être seul soit une maladie contagieuse. Pourtant, je ne prêche pas les avantages du célibat à toutes les personnes que je croise. Chacun trouve son bonheur à sa façon et je ne crois pas qu’il n’y ait qu’une voie pour y arriver. Il y a une dizaine d’années, on me demandait quand est ce que j’allais enfin me caser, maintenant on me demande quand est ce que je vais procréer. Eh oui le temps passe, fini les tergiversations quitte à griller quelques étapes.
La conséquence de tout ça c’est que le célibataire endurcit qu’on appellera bientôt le vieux garçon est mis en quarantaine. Je suis certain que je recevrai beaucoup plus d’invitations si j’étais en couple avec des enfants. 3 ce n’est pas un chiffre idéal pour jouer à la belote. Pour peu qu’il y ait 5 couples invités ou 2 couples avec 2 enfants (pour les fâchés avec les maths, en partant du principe que la famille qui invite compte 4 membres également mais que dans le premier cas on ne convie pas les enfants, ça fait 12 à chaque fois…) et me voilà à jouer le rôle du treizième à table. Etant né un 13, je n’ai pas de gros problèmes avec ce chiffre mais les superstitions ont la vie dure. Je ne sais pas si des études scientifiques se sont penchées sur la question mais la norme c’est plutôt un couple invite un couple. Si un couple invite un célibataire, c’est surement qu’il en a invité un ou une autre espérant faire d’une pierre deux coups en casant deux de ses amis le même soir. Mais un couple qui invite un célibataire uniquement, c’est beaucoup plus rare et ça sent le plan B parce que le couple qui était prévu à l’origine s’est décommandé ou n’est pas disponible. En même temps ça peut se comprendre. Les sujets de conversations ne sont pas les mêmes, difficile de discuter problèmes de couches, entrée à l’école du petit dernier ou crise d’adolescence du plus grand avec une personne dont c’est le cadet de ses préoccupations. Même le sujet des vacances peut créer des tensions vu le budget nécessaire pour emmener toute la petite famille au soleil en pleines vacances scolaires. Le célibataire, lui, n’a pas de problème de dates imposées et pourra partir se la couler douce à l’autre bout du monde sur une île paradisiaque hors saison pour 3 fois moins cher…
Mais voilà, je ne vais pas me mettre en couple pour respecter la norme, faire plaisir à mon entourage ou avoir une vie sociale débordante à rendre des invitations. Cela ne veut pas dire que ça n’arrivera pas un jour mais je ne vais pas m’apitoyer sur mon sort que même certains m’envient: « Tu as de la chance de pouvoir voyager autant ». Et toi tu as de la chance d’avoir une belle famille autour de toi… L’être humain est un éternel insatisfait et veut toujours ce qu’il n’a pas au lieu d’apprécier ce qu’il a sous les yeux et à portée de main. Savoir se satisfaire de ce qu’on a peut être perçu comme un manque d’ambition mais c’est aussi et surement une des clés du bonheur.
Je ne ferai pas de grande fête pour mes 40 ans si je n’en ressens pas le besoin. De toute façon je n’aurais pas le temps. Je serai trop occupé à « liker » les 50 variantes de « Joyeux Anniversaire » que je vais recevoir sur mon mur Facebook. Mais ne vous inquiétez pas pour moi, je le fêterai à ma façon et pas à celle qu’on aimerait m’imposer.
Je n’ai qu’une hâte c’est d’être déjà demain, je serai encore plus vieux d’un jour mais cette fois tout le monde s’en fichera et me laissera faire ce que j’ai envie loin des normes que la société tente de nous imposer! Libre et rebelle ! Le nom de ce blog n’est pas de moi mais j’y adhère finalement totalement !
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Libre et rebelle 
Bienvenu au club
Je ne peux qu’adhérer ayant aussi vécu cette pression sociale. Et encore tu peux encore procréer pendant longtemps. Imagine toi femme à qui l’on parle de son horloge biologique chaque jour comme d’un morceau de viande périmé ! Et une femme seule ce n’est pas respectable.. Mais comme tu le dis si bien, peu importe ce que les autres pensent, vis pour toi …et continu à nous distraire avec tes coups de grisou et tes aventures rocambolesques (oui oui je sais c’est un mot d’un autre temps :-)) et nous faire rêver avec tes photos. Biz
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