Le cyclisme, passion bidon ?

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Aussi loin que mes souvenirs d’enfance remontent, je me rappelle avoir toujours suivi le tour de France cycliste…

Mes parents faisaient partie de cette race qu’on appelle les « juillettistes ». La fête nationale passée, ma mère s’affairait à boucler les valises en maudissant tout ce qui pouvait l’être pendant que mon père étudiait la route sur le bon vieux guide Michelin papier (précision nécessaire pour la jeune génération qui se demande comment on faisait avant les GPS et les Smartphones). Sous un soleil souvent de plomb mais avec des températures de saison vu que le réchauffement climatique n’était pas encore d’actualité, et que nous profitions donc de vrais étés qui débutaient en juillet pour s’achever le jour de la rentrée des classes, lui systématiquement pluvieux (bon ok je caricature un peu…), nous prenions la route en espérant que la journée avait été classée verte par le futé bison qui parfois voyait rouge. Après avoir bravé quelques kilomètres de bouchons et heures de ralentissement, nos périples nous menaient la plupart du temps au bord de l’Atlantique. Mais lorsque ma sœur et moi étions plus petits (et donc pas obnubilés par les châteaux de sable et notre bouée canard), c’était plus souvent vers le massif alpin.

Qui dit Alpes dans la deuxième quinzaine de juillet dit grande chance de passage de la caravane du tour évidemment. L’étape du tour de France à la télévision étant l’activité favorite du français moyen au mois de juillet, ma famille ne faisait pas exception à la règle. C’est donc tout naturellement que nous nous posions nous et notre pique-nique au bord de la route pour voir passer le grand barnum du mois du juillet quand il n’était pas loin de notre lieu de villégiature.

Mon premier souvenir précis du tour de France est justement un pique-nique sur une aire au bord d’une route dans un col des Alpes. A vrai dire il pourrait tout aussi bien être dans les Pyrénées ou le Jura, j’étais si petit que c’était le cadet de mes soucis. J’attendais juste patiemment ma tartine et le spectacle qu’on m’avait promis. Il n’y avait personne autour de nous, rien à voir avec la folie de l’Alpe d’Huez et ses centaines de camping-car qui jouent des gentes pour se frayer un passage et se trouver un parking des jours avant. Non, mon père avait choisi un coin tranquille dans une descente (ça je le déduis en me souvenant de la vitesse à laquelle déboulaient les véhicules et les vélos). Et effectivement nous étions tranquilles jusqu’à ce que les premiers véhicules de la caravane publicitaire dévalent la chaussée. Et là je me souviens très bien de mon père se lever de la table de camping dépliable (eh oui, on était équipé !) et je le regardais courir en faisant de grands gestes aux voitures publicitaires. Et en retour ils recevaient des volets de tracts. Eh oui à cette époque point de porte-clés, de saucissons secs ou autres bob Skoda, le marketing et le made in china n’était pas encore passé par là. Suivait ensuite le tour de France féminin et enfin le peloton masculin chose qui m’intéressait beaucoup moins puisque je ne voyais pas mon père gesticulait pour recevoir quelque chose, moins drôle. Mais tout de même ce jour-là est arrivé un événement qui a peut être marqué ma vie à jamais. Comme chacun sait, le coureur cycliste est une personne pressée qui n’a pas le temps de s’arrêter pour casser la croûte. Il doit se ravitailler directement sur son vélo et se débarrasser de ses déchets, non pas en faisant du tri sélectif mais plutôt en jetant en pleine nature, bidons, musettes et autres emballages (pas très écolo tout ça même si soit disant, de nos jours, tout est bio-dégradable). A l’époque pas de barres énergisantes (ni de sprint PMU d’ailleurs), de boissons énergétiques ou de canettes de soda, récipient qui ne s’était pas encore démocratisée. Mais des bidons d’eau (ce qui n’a toujours pas changé et ne changera jamais) et de nourriture liquide. Et en ce jour de pique-nique familial, un coureur a souhaité le partager avec nous en nous lançant son bidon rempli d’un liquide jaunâtre qui avec la vitesse et le goudron est venu finir sa course et explosé dans le fossé ! Je me rappelle encore mon père lancer un « oh le cochon » et ma mère aller se cacher derrière un arbre pour régurgiter tout ce qu’elle venait de manger en voyant cette bouillie répandue sur l’herbe. Evidemment, après l’avoir complètement vidé et nettoyé, mon père a récupéré cette relique. Je me souviens encore de ce bidon tout blanc avec le nom du sponsor principal de l’époque Contrex. Et oui Contrex n’était pas encore le partenaire minceur mais juste le partenaire de taille du tour. Et en effet, ça date…puisque Contrex a été sponsor de 1975 à 1984 avant d’être remplacé par l’Américain Coca Cola pour les 20 années suivantes. J’avais donc maximum 6 ans quand cette histoire s’est passée et peut être que ma passion pour le tour de France et le cyclisme en générale est née ce jour-là. Cette passion n’était d’ailleurs pas pour le cyclisme lui-même mais bien pour la caravane publicitaire qui précédait la course et tous les petits cadeaux qu’on pouvait potentiellement récupérer.

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Quelques années plus tard nous étions en vacances du côté de Chatel et le tour de France avait la bonne idée de tourner dans la région pendant 3 jours. Le premier jour, mes parents étaient ravis de nous y emmener ma sœur et moi pour nous changer les idées. Le deuxième jour, ils étaient contents de nous y ré-emmener pour nous faire plaisir. Le troisième, ils en avaient carrément marre…

Et voilà comment j’ai grandi, en regardant les premiers jours de courses à la télévision en jouant avec mes petites voitures ou mes legos en sachant que le début du tour était annonciateur d’un départ imminent pour les grandes vacances de juillet. Et évidemment, chaque début de juillet, je jetais un œil sur la carte du tour dans le journal en croisant les doigts pour que le parcours croise notre lieu de vacances. Et si c’était le cas, même si il fallait faire quelques dizaines de kilomètres sous le cagnard (sans clim puisque c’était encore une option de luxe), je commençais mon lobbying auprès de mes parents qui souvent finissaient par céder à la grand-messe de juillet. Avec les années, les goodies jetés des véhicules de la caravane publicitaires toujours plus décorés, toujours plus impressionnants, devenaient toujours plus intéressants et enviables pour devenir ce que l’on sait aujourd’hui.

Pour celui qui a de la chance et qui sait faire les yeux doux aux étudiantes harnachées sur les véhicules qui lancent les cadeaux, il peut repartir habillé d’un t-shirt, coiffé d’un bob ou d’une casquette, dégusté son saucisson sec accompagné de gâteaux apéro puis de bonbons en dessert en buvant sa bouteille d’eau. Et à défaut de remplir son frigo il pourra toujours le couvrir de magnets et aller faire ses courses avec les nombreux cabas qu’on lui aura distribués. En refermant sa porte, se balanceront ses nombreux portes clés à l’effigie des marques partenaires. Enfin il pourra faire une sieste bien méritée sur son oreiller gonflable en déposant son portable sur le support en plastique reçu toujours de la caravane publicitaire. Surement moins impressionnant, je garde encore bien précieusement mon porte-clés Système U ou mon autocollant de l’équipe Z reçus il y a des années, de petites choses qui sont des trésors quand on est enfant et qui peuvent l’être toujours des années après pour des adultes devenus collectionneurs.

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Et puis évidemment en grandissant, les choses changent. Viennent les petits boulots d’été qui empêchent de suivre la course. On ne part plus en vacances avec les parents et puis autant le dire, ça fini par devenir carrément ringard. Malgré tout, sans rien d’autre au programme, un dimanche après-midi au frais, suivre une grande étape du tour reste une activité bien agréable.

Et puis il y a eu les affaires de dopage. C’est un peu comme si vous appreniez qu’on vous ment depuis 20ans, le coup est rude, le désintérêt de plus en plus marqué. Evidemment si le tour ne passe pas loin, on essaie d’aller le voir mais on ne fait plus 50km pour ça. On essaie de réveiller quelques bons souvenirs d’enfance mais c’est bien difficile devant ce spectacle aseptisé par des hommes transformés en robot sur leurs machines à la pointe de la technologie tout comme les molécules qu’ils ingurgitent à fortes doses.

Mais finalement il ne faut pas grand-chose pour rallumer la flamme et l’entretenir. Avoir gardé une âme d’enfant et venir travailler dans la capitale, lieu où chaque année le tour de France connait son épilogue, étape que je ne manquais jamais devant ma télévision puisque c’était une sorte de rétrospective des 3 semaines que je venais de passer.

Mais maintenant que j’ai la possibilité d’aller suivre l’arrivée sur les écrans géants des Champs Elysées, je ne m’en suis pas privé et autant le dire j’ai apprécié et j’y suis retourné les années suivantes, jusqu’à déménager la trentaine bien passé dans le triangle d’or de la course cycliste. Autour du lac Léman se croisent des courses aussi célèbres (au moins pour les initiés) que le tour de Suisse, le tour de Romandie, le Dauphiné, le tour de l’Avenir et bien évidemment le tour de France qui fait rarement l’impasse sur un passage par les Alpes.

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A peine arrivé dans la région, le Tour de Romandie s’achève à Genève à quelques minutes de chez moi. C’est un dimanche ensoleillée, l’arrivée est au bord du lac, rien de tel qu’un petit pique-nique au bord de la route. Les 3 voitures de la caravane publicitaire sont un amuse-bouche qui n’a rien à voir avec le cortège du Tour de France. D’ailleurs personne ne l’attend et les passants sont même surpris de voir arriver ces voitures de réclame, klaxonnant à tout va qui distribuent casquettes, drapeaux et chapeaux à volonté mais finalement peu de personne ont la volonté d’en réclamer.

Et puis la course arrive enfin et file en un éclair devant nous. L’arrivée n’est qu’à quelques centaines de mètres et les coureurs cherchent déjà à occuper les meilleurs places à l’avant du peloton pour être sur les devants de la scène en espérant terminer sur le podium. Dans ce brouhaha de roues, de pédaliers et de dérailleurs, un bruit caractéristique, celui du bidon lâché par un cycliste lancé à pleine vitesse et qui s’écrase sur le bitume et roule vers le bas-côté de la route (ici bien aidé par le motard- commissaire de course qui lui redonne un peu de vitesse d’un coup de pied pour qu’il se rapproche encore un peu plus de moi). Je n’ai pas réfléchi, comme un réflexe de Pavlov, j’ai descendu le trottoir pour aller récupérer cette précieuse relique malgré toutes les règles élémentaires de sécurité qui dictent de ne pas bouger tant que toute la caravane n’est pas passée. Je n’ai pas été renversé mais ce fut renversant ce retour 30ans en arrière comme un passage de relais entre l’enfance et l’âge adulte (il serait temps me direz-vous la trentaine passée…). J’avais récupéré mon premier bidon comme un grand. Oui, même en l’écrivant je trouve ça ridicule, n’empêche, j’étais content comme un gamin avec mon bidon et pendant 1an je l’ai regardé sur son étagère avec des yeux brillants en me disant, ça y est, je l’ai eu le st graal, sans même savoir que je le cherchais depuis toutes ces années.

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Quelques semaines plus tard, le tour de France passait en Suisse. Eh oui aussi étrange que cela puisse paraitre, un tour national n’est pas obligé de rester intra-muros, il peut aussi aller visiter ses voisins. Le tour d’Italie est bien parti d’Irlande, cherchez l’erreur…Donc une étape du tour de France faisait escale en Suisse. Nous autre français avons tellement l’habitude de voir passer le tour de France que ç’en est presque devenu banale même si on apprécie toujours le spectacle. Par contre, pour les pays qui nous entourent c’est un évènement. La Suisse avait donc prévu des trains supplémentaires et des trains spéciaux pour acheminer tous les amateurs de la petite reine sur le bord du parcours. Fort de mon amour retrouvé pour le cyclisme grâce à ce bidon, j’ai donc sauté dans un de ces trains pour voir passé deux fois les coureurs dans le jura Suisse et par deux fois un coureur m’a lancé son bidon. Je me suis donc retrouvé avec 3 bidons sur mon étagère et j’ai l’habitude de dire qu’à partir de deux objets différents, mais de la même famille une collection est née…

L’année suivante, le tour de Romandie arrive encore à Genève. C’était un contre la montre donc une boucle autour du lac. Je ne l’ai pas encore dit, mais le cyclisme est le seul sport au monde où tout est gratuit de A à Z (même si évidemment il y a toujours quelques zones VIP) et où on a accès aux coulisses et aux vestiaires sans avoir besoin d’une accréditation ou d’une relation qui vous fait entrer en douce. Les camions et les bus suréquipés (machine à laver de série…) sont garés sur des parkings ouverts à tout curieux qui souhaite voir l’échauffement des coureurs ou bien le retour du champion après son effort. Et c’est en traînant pour la première fois dans les coulisses d’une course cycliste que je me suis à nouveau repris au jeu.  Je ne dis pas cela juste parce que j’ai récupéré 3 nouveaux bidons doublant d’un coup ma collection, mais bien parce que je ne connais aucun autre sport où on peut être autant immergé au cœur de l’action. C’est un peu comme si vous pouviez assister à un match de foot au bord du terrain à côté du banc et de l’entraîneur, tout en pouvant tourner autour de l’air de jeu à votre guise, en parlant aux joueurs si le cœur vous en dit et qui en plus seront d’une gentillesse et d’une disponibilité à toute épreuve (autant dire de la science-fiction dans le monde du football).

C’est probablement pour toutes ces raisons que le cyclisme est le sport populaire par excellence et qu’il draine du coup, il faut bien le dire une population, comment dire, un peu beauf parfois…à laquelle finalement je n’ai plus honte de faire partie puisque je vous fais partager cette passion par ces quelques lignes.

Car oui on rencontre de tout au bord de la route d’une course cycliste. Evidemment des cyclistes amateurs qui viennent toucher du doigt ou plutôt de leurs roues leur rêve de devenir ou d’avoir été professionnel un jour. Ils profitent que les routes soient fermées pour rouler sur le parcours officiel de la course quelques heures avant le passage des coureurs. Ils bénéficient par la même occasion des encouragements des spectateurs déjà en place au bord de la route. Les réflexions qui volent parfois sont assez basiques « tiens c’est l’échappée », pour peu que le cycliste ait un peu de jaune sur sa tenue « le maillot jaune ! » ou encore si le vélo ne suit pas le parcours correctement « eh, t’es dans le mauvais sens ! ». Rien de très intellectuel mais plutôt bon enfant. Le bord de la route est donc également garni de famille qui en profite pour venir passer une journée à la campagne et pique-niquer au soleil. Il y a aussi les habitués et les vrais supporters qui suivent toutes les courses dans leur camping-car. On les reconnait aux nombreux drapeaux des marques partenaires qui flottent au vent sans oubliés les célèbres flèches jaunes sur le pare-brise qui balisent normalement le parcours.

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Mais si on veut augmenter ses chances de récupérer un bidon, le meilleur endroit pour ça est la zone de ravitaillement où les coureurs se débarrassent de leurs vieux bidons pour de nouveaux biens remplis et frais. Dans cette zone, on rencontre une autre sorte de public, le collectionneur ! Il y a des amateurs comme moi qui viennent là histoire d’augmenter la probabilité de récupérer un petit souvenir. Et puis il y a les professionnels qui suivent les courses à longueur d’années qui savent où se placer pour récupérer un maximum de bidons ou de musettes. La musette reste le must du collectionneur.

Un peu de maths… Un coureur boit une dizaine de bidons par jour voir plus en cas d’étape très chaude. A raison d’environ 200 coureurs dans le peloton, vous avez donc 2000 chances de recevoir un bidon tout au long du parcours. Sur une étape de 150km et sachant que le bidon peut aussi bien partir à droite ou à gauche, il y a donc un bidon jeté tous les 150m…A l’inverse, les coureurs ne reçoivent qu’une musette rempli de produits énergétiques par étape donc 10fois moins de chance d’en récolter une et surtout elles ne peuvent être distribuées que dans la zone de ravitaillement. Vous comprenez donc pourquoi tous les collectionneurs se donnent rendez-vous à cet endroit.

Je distinguerais 3 sortes de collectionneurs professionnels que j’ai eu l’occasion de croiser. D’abord sachez qu’au contraire de ce qu’on pourrait penser, c’est une passion pour personnes plutôt âgées donc retraitées. Il y a donc le collectionneur sympa qui va partager sa passion avec vous, celui qui va discuter avec vous mais qui n’oublie pas que vous être un adversaire (car oui c’est une guerre…) et celui qui vous regarde de travers en se demandant ce que vous venez faire sur son territoire, celui-là aucune chance de lui parler…

Le collectionneur sympa, je l’ai rencontré sur la première zone de ravitaillement où je suis allé. J’ai tout de suite vu que j’avais à faire à un pro puisqu’il avait la musette en bandoulière, qu’il a étudié son placement avec minutie, et que juste avant le passage des coureurs il a adopté la position chien d’arrêt prêt à bondir sur tout ce dont le peloton allait se débarrasser. Et effectivement, là où j’ai récupéré 2 malheureux bidons, lui avait sa besace remplie de bidons et de musettes. On a un peu discuté ensuite. Il était hollandais. Je lui ai alors demandé si était venu exprès pour le tour de France. J’ai senti que la question le gênait et il s’est senti obligé de préciser que le tour de France était un grand événement qui méritait le déplacement, histoire d’éviter de dire qu’il venait dans le seul but d’ agrandir sa collection. Il m’a aussi donné son nom pour que je retrouve son site internet et j’ai donc pu voir le bonhomme pris en photo devant des murs de bidons et de musettes, impressionnant. Cet homme je l’ai revu en Alsace toujours la même musette en bandoulière et toujours à la chasse aux bidons ! Car oui on a tendance à rencontrer toujours les mêmes personnes sur les zones de ravitaillement comme me l’a confirmé le grand père que j’ai rencontré sur le tour de l’Avenir. Nous étions deux potes en sortie vélo à attendre le passage de la course et il est venu taper la discute. Il commence à nous expliquer qu’il a un appartement dans la région et qu’il suit la course depuis une semaine en voiture avec sa femme. C’est un gros collectionneur qui a des centaines de bidons chez lui et qui en a déjà récupéré énormément depuis le début de la course. A l’entendre parler cote pour les bidons, je comprends aussi qu’il doit arrondir ses fins de mois en les revendant sur internet. Il nous donne également un cours de géographie du chasseur de bidons en nous parlant de l’attrait de cette petite bouteille en plastique dans les différents pays d’Europe. A ce moment-là, passe devant nous un homme à vélo à l’air désagréable. Il me semblait l’avoir déjà croisé quelque part et là, notre papi se lâche. Tiens vous voyez lui, il fait tous les ravitaillements et fait commerce de tout ce qu’il ramasse, on se fait souvent concurrence. Eh oui le marché du bidon est un marché concurrentiel !

Les premières voitures de la caravane arrivent, notre papi prend alors un peu le large. Je traverse la route pour avoir une meilleure vision et les coureurs arrivent lançant leurs bidons et leurs musettes des deux côtés de la route. Je suis particulièrement gâté, le bas-côté est jonché de souvenirs cyclistes. Je m’éloigne donc un temps de mes affaires pour aller ramasser quelques bidons un peu plus loin en me disant que j’aurais bien le temps de récupérer ce qui est tombé juste à côté plus tard. C’était sans compter sur l’appétit du Papi qui réussit à traverser la route entre deux voitures au mépris de toutes les règles élémentaires de sécurité. Je le vois alors me piquer sous le nez deux musettes et des bidons pourtant tombés juste à côté de mon sac. Pour quelqu’un qui semblait avoir déjà un camping-car rempli, je vois qu’il n’est pas encore rassasié. En me voyant revenir près de mon sac, il culpabilise quand même un peu et me donne un bidon qu’il doit déjà avoir plusieurs fois puis fonce vers son véhicule histoire de suivre le parcours en scrutant les bords de la route jusqu’à l’arrivée pour récupérer encore d’autres objets avant de remettre ça le lendemain ! Eh oui c’est un boulot à plein temps collectionneur d’objets cyclistes et tous les coups sont permis…

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Mais les bords d’une route cycliste, à condition d’éviter les cols mythiques où s’entassent les écervelés rêvant de montrer leur postérieur à la télévision, sont tout de même un lieu de rencontres formidables pour discuter avec des personnes venant des 4 coins de l’Europe voir du monde venues apprécier l’ambiance si particulière d’une course cycliste. Et j’en connais qui rêverait un jour de pouvoir attendre des heures sur le bord de la route le passage des coureurs. Par exemple lors de mon dernier voyage au Japon, j’ai rencontré cette japonaise qui connait tout de la course cycliste et surtout des coureurs français, et qui durant le mois de juillet se couche régulièrement à plus de minuit pour pouvoir suivre le Tour de France en direct sur une chaîne dont elle paie l’abonnement uniquement pour ça. Eh oui, il n’y a pas que les mangas au pays du soleil levant !

Les courses cyclistes sont d’ailleurs une occasion rêvée pour voyager et visiter des lieux où on ne serait peut-être jamais allé sinon. Vous pouvez être sûr que si une course passe à un certain endroit c’est que probablement cet endroit est un lieu hautement touristique ou bien avec une curiosité locale puisque la plupart des grands tours cyclistes cherchent également à mettre en lumière le patrimoine local.

Tout le monde vous le dira. La meilleure façon de suivre une course cycliste, c’est confortablement installé dans son fauteuil en regardant à la télévision la progression des coureurs. Sur le bord d’une route, vous les apercevez quelques secondes voir quelques minutes si il y a un peu de dénivelé (du pourcentage dans le jargon cycliste)après les avoir attendu souvent quelques heures. C’est un peu comme Noel qu’on attend toute l’année et qui ne dure qu’une journée. Le vrai plaisir d’aller voir une course cycliste réside donc dans le folklore d’avant course. Le pique-nique, le passage de la caravane, les souvenirs qu’on peut rapporter mais surtout le bon moment qu’on passe entre amis ou en famille dans un lieu souvent magnifique à la campagne ou à la montagne. Et à défaut de repartir avec un bidon, on passe normalement un excellent moment !

Alors si une course passe près de chez vous, oubliez vos préjugés de sport ringard et de tous dopés, préparez les sandwichs et la couverture, et allez-vous installer au bord de la route. Vous ne trouverez peut être pas ça bidon et vous vous bidonnerez bien !

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