Noël je te hais…

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Tic tac tic tac tic tac…Vous entendez ? Non ce n’est pas la magnifique horloge qui trône sur mon bureau… Non ce sont les jours, les heures, les minutes qui nous rapprochent du 24 décembre. L’heure fatidique du réveillon approche et sur mon front perlent des gouttes de sueur et d’appréhension. Certaines ont déjà les yeux qui brillent comme des guirlandes, d’autres dépriment à la vue du premier sapin. Car Noël n’est pas toujours un moment de retrouvailles familiales enchanteresses…

Ce matin ma fille me disait… enfin hurlait : « Il neiiiiiiiige, on est déjà en décembre…déliiiiiiiire c’est passé viiiite ! « . Voilà : il y a les impatients qui ouvrent tous les soirs fiévreusement leur calendrier de l’avent et ce malgré leur âge avancé parfois (j’en connais !). Et puis il y a les autres, ceux qui n’aiment pas Noël. Tout leur est insupportable, l’hyper consommation, le père Noël et sa fausse barbe (aïe, oui encore ! ) et, surtout, la perspective de ces fameux jours (24 ET 25 ET 26…merci la Moselle et son jour férié supplémentaire) « en famille ». Sapin, cadeaux, réveillon, repas, repas… Je me suis toujours sentie mal à l’aise pendant cette période d’agapes et de cadeaux obligatoires.

J’avoue, je suis de ceux qui  n’aiment pas particulièrement cette période, mais en général, je ne le crie pas sur les toits, car tout de suite on me colle l’étiquette de « l’associable aigrie », celle « qui n’aime rien », la « rabat-joie de service ». En amenant vaguement le sujet, sur le ton de la plaisanterie, histoire de pouvoir faire marche-arrière plus facilement,  j’ai réalisé que nombre de personnes partageaient mes réticences … Mais n’osaient pas l’admettre ouvertement par peur de commettre un sacrilège

Pour plusieurs raisons, je n’aime pas Noël. Et une raison supplémentaire est qu’il faut « aimer » Noël !! Sans compter cette espère d’injonction sociale à s’aimer pendant cette période… Ça ne date pas d’aujourd’hui, je crois que j’ai cessé d’aimer tout ça il y a bien vingt ans ! Adolescence révolutionnaire tout ça tout ça…

Noël et tout ce qui l’accompagne ramène les gens à leurs souvenirs de famille et l’effet « madeleine de Proust »  opère chaque année pour certains, pour d’autres tout ça  fait appel à des souvenirs d’enfance qui, nous renvoient des années (des décennies) en arrière, ce fameux Ordimagic commandé 3 années de suite et jamais reçu, cette « blague » d’un paquet vide ou rempli de n’importe quoi : punition de n’avoir pas été suffisamment sage (même s’il était suivi du « vrai » cadeau)… La rancœur est tenace, autant que la déception.

père noel écrasé

Certains m’ont dit aussi être stressés par le côté « réunion de famille », difficile à gérer.

Pour moi, ce n’est pas ça ; la fête, cet aspect de la chose ne me pose, en soi, pas de souci : j’ai été élevée dans une famille qui a toujours mis un point d’honneur à fêter tout ce qui méritait de l’être (et parfois même ce qui ne le méritait pas). Jeff a décroché un nouveau job ? Super, sortons le champagne! Sandrine a eu (enfin) son permis ? Trop bien, faisons une fête ! Elle  a eu son diplôme ? Cool, buvons un coup ! Geneviève a changé les meubles de son salon ? Youpi, on fête ça ! Une prise de sang pas trop pourrie ? Youhou apéro !

Bref, chez nous, on a coutume de tout fêter et  on cherche régulièrement de nouveaux prétextes pour organiser une chouille, sortir les curlys et la boule à facettes… Un peu comme quand mon ophtalmo préféré déboule à 17h dans mon salon où il sait que le champagne est dégainé à tout va !

Autant dire que, dans ce contexte, si tout est prétexte à se réjouir et à organiser une petite sauterie, les fêtes « officielles » suscitent quant à elles un engouement parfaitement délirant. Un truc totalement hors normes, quelque chose de, finalement,  profondément stressant…j’en garde un souvenir amer. L’ambiance était tendue.

Parce que justement, Noël est LA fête familiale par excellence (plus encore que les anniversaires ou le réveillon du nouvel an, qui peuvent être célébrés entre amis). On a progressivement dit bye-bye aux significations religieuses et en fait une fête essentiellement relationnelle et affective, privée de toute référence tierce ou transcendante. On se retrouve alors en famille, avec ces gens qu’on ne voit parfois pas de l’année.

citation noelDes sourires forcés, des démonstrations d’affection surfaites, des cadeaux impersonnels ou mal choisis font apparaître au grand jour des distorsions familiales qui restent soigneusement cachées tout au long de l’année. L’alcool aidant, les rancœurs resurgissent, on n’hésite pas à piquer l’autre sur son job, ses conquêtes, sa manière d’élever ses enfants, bref certains voient leur auto-censure sauter comme le bouchon d’une bouteille de Champagne trop secouée. Certains sont capables de faire illusion durant cette période : même dans le cas où une famille est parvenue à organiser une célébration proche des modèles imposés par les films et les publicités, il émerge la sensation d’avoir « joué un rôle » dans une « mise en scène » qui étouffe, sans sentiment authentiques ?

La famille sera toujours ce groupe qui suscite à la fois notre tendresse et notre agacement. Comme toute histoire d’amour, Noël provoque en nous des sentiments apparemment tranchés, mais au fond, ambivalents.
Et oui ! L’imaginaire collectif qui entoure Noël et que nourrissent abondamment les médias fait par ailleurs de cette fête un idéal de convivialité et de reconnaissance mutuelle difficilement atteignable. Je dis stop à la pression sociale qui veut qu’on doive absolument réussir son Noël.

noel kitch

Les vitrines scintillantes, les guirlandes qui clignotent à tout-va et sapins ne m’émerveillent pas, ne provoquent rien en moi si ce n’est un sentiment d’angoisse. Je  ne trouve pas ma place au milieu de ces visages béats, mais je me tais. Un rien m’agresse, un rien m’agace mais je me tais (le socialement correct me bâillonne,  le vilain ! ).

La première chose que je fuis, c’est cet excès de tout, de dépenses, de lumières, de bruit, de consommation. Pour moi qui ne crois ni en Dieu ni au diable (encore que pour ce dernier, il faut que je réfléchisse…), cette fête n’a plus de sens religieux, alors vénérer un chapon au vin jaune, une bûche glacée, un gueuleton qui n’en finit pas  : très peu pour moi !
C’est bête, mais ça me donne une sensation d’indigestion constante, cette over-consommation ! Pas vous ?

ET LES CADEAUX, PARLONS-EN !

Je suis l’aigrie en chef des cadeaux ! J’en viens à régir les cadeaux que reçoivent mes enfants! Chez moi l’angoisse et l’agacement se cristallise sur des détails apparemment futiles : dans ma belle-famille, il faut ouvrir les cadeaux le soir -sacrilège!- ; MOI je préfère que ce soit le matin, comme nous le faisions chez mes parents. Avalanche de cadeaux ou présents symboliques ?

père jouant avec jeu de ses enfantsLa course aux cadeaux est une véritable source de stress. En effet, j’adore faire des cadeaux mais je déteste la foule. Comme j’aime faire des cadeaux personnalisés, cette période est assez frustrante pour moi: trop de présents à trouver en trop peu de temps. Remarquez, je pourrais m’y prendre en avance. Mais, comme j’essaye de repousser au maximum cette période, chaque année je me fais avoir et je m’y prends au dernier moment – trop tard pour me faire livrer en tout cas.

ALORS ?

Tous ces paramètres (cadeaux, concessions, dénis, non-dits) tendent plus à diviser qu’à rassembler. Se réconcilier avec Noël, c’est surtout se réconcilier avec soi-même en affrontant ces conflits que cet événement fait surgir comme un tsunami.

La solution ? Se réapproprier cette fête pour en faire ce que l’on veut et non pas ce que les autres voudraient qu’elle soit.

J’aurais envie de partir à l’autre bout du monde, découvrir cette tradition à travers d’autres cultures mais je reste, pour les autres, au lieu de lutter contre Noël comme je le fais, je l’accepte tout simplement, pas le choix,  c’est inéluctable. Je raisonne maintenant en « Noël des enfants », c’est bien aussi, c’est avant tout pour eux, non ? Il faut retrouver des valeurs plus justes et plus simples.

Et finalement, oui, on mange et on boit beaucoup et il y a trop de cadeaux, mais enfin quoi, c’est juste une fois par an ! Avec la maturité (37 ans, l’âge de raison ??), j’apprends à relativiser, à vivre ce qu’il y a de bon dans tout ça pour moi, en laissant de côté le beau’f insupportable et les blagues douteuses du cousin. J’observe tout ça de l’extérieur, comme un spectacle et je fais en sorte de développer une attitude bienveillante envers les petits travers de chacun (la sagesse je vous dis ! ).

Allez ! Hauts les cœurs ! C’est juste une période délicate à passer. Je préfère nettement le passage à la nouvelle année. Et hop une année de faite, voyons ce que nous réserve la suivante

En attendant, une jolie petite chanson de Noël, de quoi vous aidez à patienter !

5 réflexions sur “Noël je te hais…

  1. En plus cette année tu auras la corvée des retrouvailles type « on s’était dit rendez-vous dans 10 ans… » sauf que c’est plus proche des 20 que des 10, qu’on va pouvoir admirer les rides, vergetures et poches sous les yeux de chacun; se dire qu’au final « vieillir comme du bon vin » c’est pour les autres… Bref un bonheur je te dis ce Noël!!!
    😉

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  2. Pingback: Voeux ! | Libre et rebelle

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