“Cœur Sanglant”, c’est un documentaire ultra intime sur Vincent Lindon, réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai. Mais attention, ce n’est pas un simple portrait classique où on l’interviewe sur sa carrière ou ses films. Là, on est dans sa tête, dans ses tripes, dans ses doutes. Il s’est filmé lui-même avec son téléphone pendant des années, et le docu est construit à partir de ces / ses images, entrecoupées de moments où on le voit bosser, parler, vivre.

Un Vincent Lindon à vif
Dès les premières minutes, tu comprends que tu vas voir un Lindon que personne ne connaît vraiment. Il parle sans filtre, il se raconte : un homme en colère, qui se sent souvent seul, rempli de contradictions, qui s’engueule avec lui-même, se questionne sans arrêt, et ça crée une tension permanente.
Il revient sur son enfance compliquée, son père exigeant qui lui mettait la pression, son besoin de reconnaissance qui l’a poursuivi toute sa vie.
Mais Vincent est hyper lucide sur ses propres défauts : il sait qu’il peut être odieux, qu’il cherche trop l’approbation des autres, qu’il est parfois insupportable avec ceux qui l’aiment. Il est à la fois fragile et explosif. Bref un acteur habité ( et hanté).
Ce qui est fascinant, c’est de voir à quel point le métier d’acteur le bouffe. Il ne joue pas, il vit ses rôles. Il parle de la pression qu’il se met pour être toujours à fond, de cette obsession du travail bien fait. Il se montre sur les plateaux de tournage, hyper investi, parfois à cran. Il y a des moments où il est complètement absorbé, il ne lâche rien. Mais à côté, quand il rentre chez lui, il est seul, perdu. Comme si, une fois que les projecteurs s’éteignent, il ne savait plus trop qui il était.
Il évoque aussi son rapport au succès, à la reconnaissance. Il a beau être un des acteurs les plus respectés du cinéma français et internationale (Lion d’Or à la Mostra de Venise, s’il vous plait !) il n’est jamais satisfait. Il doute en permanence. Il y a des passages où il parle du vieillissement, de la peur de ne plus être désiré dans le métier. Il dit qu’il ne veut pas devenir une caricature de lui-même, qu’il ne veut pas tricher avec ce qu’il est.
Ce qui rend ce docu hyper puissant, c’est sa mise en scène. On est littéralement dans son quotidien, comme si on regardait ses journaux intimes en vidéo. Il se filme au réveil, en pleine nuit, en train de parler face caméra, souvent en mode confession. Il s’adresse parfois directement aux réalisateurs, comme s’il leur livrait des bouts de lui-même, en espérant qu’ils en fassent quelque chose.
On le voit aussi dans des moments où il ne joue pas : chez lui, en train de manger seul, de ruminer. C’est parfois inconfortable, parce qu’il se livre sans filtre. Il y a une scène où il explique qu’il n’a jamais trouvé le bonheur, qu’il ne sait même pas si c’est quelque chose d’accessible pour lui. C’est dur à entendre, mais en même temps, c’est d’une sincérité rare.
Pourquoi c’est un documentaire que tu dois voir absolument ?
Parce qu’il montre une facette de Vincent Lindon qu’on ne soupçonnait pas. Parce qu’il va au bout de sa démarche, sans chercher à se donner une belle image. Il est souvent excessif, parfois agaçant, mais terriblement humain. Il parle d’amour, de solitude, de ses fêlures, et on ne peut pas s’empêcher de se reconnaître un peu dans ce qu’il raconte.
Ça prend aux tripes, ça ne laisse pas indifférent. Vraiment fonce. C’est un grand moment de vérité.