La vie n’est pas un long vol tranquille !

Quand j’ai choisi Toronto pour passer le réveillon, je n’espérais évidemment pas y bronzer mais de là à me retrouver au beau milieu d’une vague de froid extrême sans précédent par son ampleur, il y avait de la marge…

Les jours précédents le départ j’ai donc consulté différents sites pour savoir à quelle sauce j’allais être gelé… -10, -20, -30 voire -50 degrés Celsius pour les plus pessimistes, j’ajoutais au fur et à mesure des couches de vêtements dans ma valise. Le jour du départ, je consulte le site de Météo Canada, nous étions vendredi et encore seulement mercredi sur la page d’accueil comme figée par les prévisions de températures polaires. Mais pour mes deux vols, apparemment cela ne pose pas de problème puisqu’ils sont prévus à l’heure en ce 29 décembre, enfin à l’heure, c’est un bien grand mot…
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Pour rejoindre le poumon économique canadien, je dois faire escale à l’équivalent allemand Francfort. Une courte pause de 1 heure entre les deux vols. C’est à la fois beaucoup et peu, mais normalement suffisant, si aucun grain de sable ou plutôt flocon de neige ne vient se glisser là où il ne faut pas.
Mon premier avion pour Francfort est dans le temps voire même légèrement en avance. Je respire. Je sais que je peux me permettre 15-20 minutes de retard sur ce premier tronçon mais pas plus, sans quoi je risque de manquer le vol suivant pour Toronto. L’embarquement débute. Une dame apparemment pressée de monter dans l’avion se précipite vers l’un des deux portiques bientôt rejoint par son mari qui se positionne devant le second. Et là, sans aucune gêne, nos deux compères s’immobilisent et se mettent à chercher leur carte d’embarquement dans leur téléphone bloquant la file des gens qui eux avaient eu la bonne idée de préparer avant leur sésame pour monter dans l’avion. Rien de bien grave, restons zen, les quelques minutes perdues ne devraient pas m’empêcher d’avoir le vol suivant.
Ce que je n’avais pas prévu par contre, c’est les quelques flocons qui se mettent à tomber. C’est plutôt sympa et ça me met dans le bain sur ce qui m’attend de l’autre côté de l’Atlantique mais ça oblige à passer les ailes de l’avion à l’antigel. Pour quelques malheureux flocons, je viens de perdre ma marge de sécurité puisqu’on décolle finalement en retard et nous arrivons 20 minutes après l’horaire prévu à Francfort.
Rien n’est perdu puisque j’ai déjà réussi à attraper un vol dans cet aéroport avec seulement 30 mins de marge mais sachant que mon prochain vol est un vol international et qu’il y a donc au moins un contrôle des passeports à passer, sans parler d’un éventuel contrôle de sécurité des bagages à main , il va falloir un alignement des étoiles parfait pour que j’arrive à attraper mon prochain vol.
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Mais cela commence mal avec un débarquement qui se fait en bus. Si vous avez la chance de descendre par une passerelle qui vous emmène directement vers le terminal, vous n’êtes dépendant que de vous et de vos jambes pour courir vers la prochaine porte d’embarquement. Mais si vous devez rejoindre le terminal en bus, alors vous devez compter sur la coopération de tous vos compagnons de voyage pour quitter l’appareil le plus vite possible. Et j’avoue. J’ai haï la fille qui est descendue en dernière position qui a confondu les escaliers pour les marches du festival de Cannes en prenant tout son temps alors que le bus l’attendait pour partir. Çà ne m’aurait même pas étonné qu’elle s’arrête pour prendre un selfie devant l’avion. Restons pragmatique, ce n’est pas cette petite minute de perdue qui changera la suite de mon voyage.
Mais quand votre temps de transfert est court, chaque minute compte et quand le bus stoppe sur le tarmac parce que sa route est barrée par deux camions qui ravitaillent un gros Boeing, là je me dis que tous les éléments sont contre moi… . Ce c.. de chauffeur (excusez le langage châtié mais je commençais à voir ma correspondance me filer entre les doigts) ne voit alors pas une voiture avec une enseigne lumineuse « FOLLOW ME » (suivez moi) qui essaie d’attirer son attention. Non, elle ne demandait pas au chauffeur de l’ajouter sur Twitter mais juste de prendre une route alternative. La voiture doit donc faire une manœuvre pour que le chauffeur l’aperçoive et nous reprenons notre chemin après avoir encore perdu quelques précieuses minutes.
Je préfère maintenant ne plus regarder l’heure pour ne pas stresser d’avantage. Je vais juste essayer de rejoindre au plus vite la porte d’embarquement B43 et ne pas avoir de regrets si l’avion est déjà parti. Me voilà donc à courir dans les couloir de l’aéroport de Francfort puisqu’évidemment les vols internationaux ne partent pas du même terminal où le bus nous a déposés. Il faut descendre des escaliers, affronter une ligne droite interminable qui devrait ne pas l’être grâce aux tapis roulants et remonter encore des escaliers pour enfin arriver au terminal B où le fameux contrôle des passeports s’effectue. Ouf, la file n’est pas très longue et en tant que ressortissant européen, j’ai droit à une file dédiée qui avance plus vite. Je ne peux m’empêcher de regarder mon téléphone. 16h45, l’avion décolle à 17h10. Je n’ai pas entendu d’appel final pour le vol AC877 à direction de Toronto, je pense que c’est bon. Et d’ailleurs je suis complètement rassuré en arrivant devant la porte en voyant la longue file d’attente pour l’embarquement. J’ai même le temps de faire un arrêt au stand et de remplir ma bouteille d’eau à la fontaine avant de rejoindre la file.
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Vu l’attente, on ne décollera surement pas à l’heure mais pas grave, pas d’urgence à Toronto! On me recontrôle mon passeport. Plus qu’un portique à passer et enfin je pourrai profiter sans stress de mes 8h de vol pour le Canada. Mais il était dit que rien ne se passerait normalement aujourd’hui. Le portique ne s’ouvre pas et un message « contacter un agent apparaît ». Je demande ce qui se passe à l’agent en question qui me dit d’un ton naturel « votre vol précédent est arrivé en retard (oui ça je sais merci, c’est pour ça que j’ai encore le souffle court d’ailleurs) et donc nous vous avions retiré du vol, il faut qu’on vous réattribue un siège, veuillez attendre sur le côté s’il vous plait ». D’abord, mon ego a été touché, ce n’est pas parce que la quarantaine approche que ma condition physique m’empêche de traverser un aéroport en moins de 15 minutes, ensuite j’ai eu des envies de meurtre sur le dit agent, surtout si il ne me retrouve pas une place dans l’avion…il a peut être senti cette haine qui montait en moi puisqu’il a transmis ma carte d’embarquement à une de ses collègues qui était apparemment encore plus sous pression que moi. Elle m’a édité une nouvelle carte d’embarquement, me l’a tendu et m’a dit « windows seat, ok? » ; je n’ai même pas eu le temps de répondre qu’elle était déjà partie régler un autre problème…alors ok pour le hublot même si pour les vols de nuit, j’avoue préférer les sièges aux ailes histoires de pouvoir me dégourdir les jambes quand je veux sans avoir à réveiller mes deux voisins de rangée. Enfin, on ne va pas faire la fine bouche, je suis dans l’avion et dans 8h je serai à Toronto! Enfin 8h…si tout va bien évidemment.
J’embarque parmi les derniers, moi qui suis normalement plutôt dans les premiers. Je trouve par miracle encore de la place pour mes affaires dans les compartiments au dessus des sièges (c’est vrai que c’est Air Canada, pas Easyjet) et prends possession du siège 41K. En regardant par le hublot les derniers containers de bagages chargés dans l’avion, j’ai une petite pensée pour ma valise qui a dû être, elle aussi, mise en stand-by mais je suis rassuré quand j’entends le pilote annoncer que nous attendons les derniers bagages avant de décoller. Mais aussi une petite séance de dégivrage. Encore. ça ne prendra que 20 minutes. 20 minutes plus tard, il nous annonce quelques minutes supplémentaires d’attente avant que les deux camions de dégivrage commencent enfin leur travail. Et contrairement à Genève, cette fois c’est vraiment nécessaire puisqu’une vraie tempête de neige se déclenche. Depuis mon hublot, je trouve le spectacle sympathique. Un peu moins quand le commandant de bord annonce une petite vingtaine de minutes supplémentaires pour vérifier que les ailes sont bien dégivrées. ça ne laisse pas de glace ma voisine de derrière qui commence à jurer et à se plaindre en bonne française qu’elle est, sachant qu’elle a une correspondance à Toronto. Et autant dire que l’annonce suivante ne l’a pas du tout fait rire. Le commandant de bord nous annonce que le premier produit utilisé pour le dégivrage n’était pas le bon, il va donc encore falloir attendre pour recommencer l’exercice. Et comme, pour éviter les infiltrations, la clim est coupée durant ce laps de temps, il fait une chaleur à crever dans la cabine et les esprits s’échauffent.
Une demi heure après nous sommes enfin prêts pour le décollage mais… nous n’avons plus l’autorisation de décoller! Nous avons laissé passer notre créneau, il faut en attendre un nouveau. Apparemment nous ne sommes pas les seuls dans ce cas puisque tous les avions traités au mauvais produit doivent également attendre. Heureusement que ma compatriote du siège de derrière est coincée entre le hublot et un bûcheron canadien sinon je pense qu’elle irait dire deux mots au pilote. Perso c’est plutôt au membre d’équipage qui traduit les propos du capitaine que j’irai parler vu les traductions en français plus que douteuses et raccourcies au strict minimum. Et pourtant c’est une des langues officielles du Canada. Les francophones doivent tout de même s’estimer heureux puisque les allemands ont eux une traduction d’un message sur 5!
Finalement, c’est avec plus de 2 heures de retard que nous décollons, arrivée prévue à 21:30 heure locale au lieu de 19:40.
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Le vol se passe bien et c’est avec un soulagement non dissimulé mais avec un stress bien présent pour les passagers avec une correspondance que nous atterrissons à Toronto Pearson. Le pilote gère bien l’atterrissage sur la piste gelée, tourne à gauche en direction du terminal et s’arrête sur la piste…
Quelques minutes plus tard, il prend à nouveau la parole et évidemment ce n’est pas une bonne nouvelle. L’aéroport est surchargé, il n’y a plus de portes de débarquement disponibles…et plusieurs avions attendent devant nous. La fille du siège de derrière craque et ne retient plus ses jurons en français. Et ça ne s’arrange pas 20minutes plus tard quand le pilote parle maintenant d’une vingtaine d’appareils qui attendent également une place pour débarquer même si on a eu la chance d’avancer de quelques mètres sur la piste. Les jurons ont laissé la place aux sanglots dans mon dos…
Quelques minutes après, bonne nouvelle, selon le commandant nous avons fait un bond énorme sur la liste d’attente puisque nous sommes numéro 1 sur cette liste. La mauvaise c’est que les personnels au sol doivent arriver d’une autre porte avant que nous puissions rejoindre notre stationnement. Résultat, nous attendons encore un bon quart d’heure à quelques mètres du terminal, à la fois si proche mais encore si loin.
Après plus d’une heure d’attente sur la piste, nous pouvons enfin débarquer et poser le pied sur le sol canadien. Mais l’attente n’est pas finie puisqu’évidemment les bagages mettent eux aussi un certain temps à arriver. Je suis content et rassuré quand j’aperçois le mien et je peux enfin aller respirer l’air glacé canadien avec 4 heures de retard. Je suis presque déçu en sortant, c’est loin d’être le cauchemar annoncé dans tous les médias. Je peux donc commencer à profiter de mes derniers jours en 2018 même si le voyage n’a pas été un long vol tranquille!
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