
13 août, anniversaire de mon chat, cette petite boule de poils née dans le jardin des voisins, petite boule de poils avec un caractère de chien mais trop mignonne. Truc qui ronronne dont on fête l’anniversaire pour de vrai, avec gâteau et tout et tout. Kitty (j’ai des filles à la maison, vous l’aurez deviné) a 5 ans, ok…c’est une chatte et oui, même à 38 ans j’ai du mal à écrire que « ma chatte à 5 ans », c’est con mais c’est comme ça alors arrêtez de vous marrer là bas au fond. Pour la peine, je vous afflige même de sa photo, na !
13 août, presque la reprise pour moi, vilaine enseignante toujours en vacances et trop payée, encore une petite semaine et retour à la vraie vie. J’avoue que ça me réjouit, c’est moche, je devrais me lamenter, dire que je regrette déjà mes enfants, les grasses mat’, les aprèm à glander et les apéros à gogo. Bon, un des avantages non négligeable des vacances quand on est dans l’enseignement c’est qu’il n’y a pas à se creuser la tête pour faire garder ses mioches et que c’est même drôlement économique d’ailleurs !
Mais, oui je me plains et même que j’aime ça, le souci essentiel c’est qu’on les a sur les bras, sur le dos, dans les oreilles, dans la voiture en permanence. C’est un peu comme être parent au foyer comme certains le reste de l’année sauf que dans mon cas point de nounou, périscolaire, école pour faire le lien ; c’est même compliqué de prendre une petite pause dans la voiture entre le boulot et la maison ou entre le boulot et l’heure fatidique de fermeture du périscolaire. Bref, moi, là tout de suite j’ai juste une envie : reprendre une activité normale.
Etrange parce que finalement, ces vacances d’été ont été 1000 fois plus dépaysantes et riches que les 3 dernières. Depuis que j’ai fermé les volets de mon bureau le 20 juillet il s’est passé des tonnes de choses ! Cet été j’ai fait de très très belles rencontres, j’ai bu un nombre incalculable de bières, j’ai ri à en avoir mal au bide des heures et de heures entières, j’ai pleuré en découvrant des spectacles vivants, j’ai fait des milliers de pas en Savoie avec des gens géniaux, j’ai posé ma voix sur une vidéo créée par une compagnie géniale (faudra que je vous raconte ce truc ! ). J’ai redécouvert mon ado de 12 ans 3/4, j’ai souri en regardant ma seconde grandir tellement en l’espace de quelques semaines. Je suis posée depuis tout juste 48h et je n’ai qu’une envie, retourner au boulot, sensation d’être dans l’attente d’un je-ne-sais-quoi omniprésent, je crois que tout simplement je ne suis pas câblée pour rester à la maison.
Et sinon ?
13 août, journée INTERNATIONALE, oui m’sieur-dame, la journée internationale des gauchers ! Pourquoi ? J’imagine que les autres jours de l’année sont consacrés aux droitiers et que pour réparer cette injustice flagrante il fallait bien ça.
Le 13 août est donc un peu ma journée à moi, gauchère, seule gauchère de la famille. Il parait que j’aurais pu être une tenniswoman de compétition, une Rafael Nadal au féminin par exemple, une escrimeuse de talent …mais en fait non, je suis juste une partie de ces 12,5% de la population qui doit s’adapter en permanence à ce monde pas fait pour elle.

Je suis gaucher et alors ? Michel Piquemal Jacques Azam De La Martinière Jeunesse février 2012
Dès l’entrée en maternelle j’ai su que ça allait être une galère sans nom ! Part one ? DECOUPER, oui juste ça prendre des ciseaux en main, pouce vers le plafond et dé-cou-per. Mais pas avec n’importe quel paire de ciseaux avec CES ciseaux, ces trucs qui coupent à peine quand tous les paramètres de réussite sont réunis (papier 90g, position parfaite, tenue de la bête géniale et …bonne main ! ). Jadis, naguère, avant, il y a longtemps (enfin pas trop quand même hein….ah merde vous avez vu mon âge plus haut ! ) point de ciseaux pour gauchers. La mode était au « ohhhh tu fais un effort poulette, la vie c’est pas le paradis, t’es gauchère pour toute ta vie entière…. Bah oui on n’a plus le droit de te forcer à écrire avec la BONNE main alors hop hop au taf ! ».
Depuis on laisse les gauchers tranquilles, tellement tranquilles qu’on les laisse aussi se débrouiller pour trouver une tenue de crayon pas trop pourrie associée à une posture générale complètement naze et propice aux scolioses (et quand je vois mon ex-inspecteur-préféré-gaucher écrire et bousiller plus de BIC que n’importe quel élève de CP, je me dis que la formation des enseignants à ce sujet n’est pas prête de changer).
Ce fut le début d’une longue liste de trucs inadaptés : poignées à l’envers, fermetures idem, taille crayon, stylo à encre, règles (vous avez essayé, vous, de tirer un trait de 4,6 cm précisément quand votre main recouvre lamentablement les petites graduations ?), couteau aiguisé d’un seul côté (et donc pas du bon côté)…

Et puis ces petites choses : les tables d’écolier à deux blancs pas très larges où il fallait que je m’assois systématiquement à gauche pour éviter d’éborgner mon voisin à chaque geste (lui m’éborgnant également, mais il était droitier, donc normal, lui), puis les bancs de la fac avec leur accoudoir à droite, les coups de coude au resto (on apprend ensuite à manger les bras collés au corps), les couverts à inverser (mince ils pourraient pas demander comment sont latéralisés les convives quand on réserve ??), l’ouvre boites, la râpe à fromage à manivelle (pas du bon côté), le pavé numérique du PC, les stylos accrochés à un socle vissééééé sur le comptoir des administrations (oh les gars je vous confie mon salaire tous les mois et vous avez peur que je vous pique un pauvre stylo bleu, vive la confiance ! ), le babyfoot qui vous exclut d’office des parties endiablées au café d’en face entre le cours de philo et celui de math et summum du summum : ce putain de levier de vitesse… je vois encore ma monitrice d’auto-école trembler la première fois que je me suis assise dans sa nouvelle voiture de conduite pour ma 1er heure (« ohhhhh punaise, ne l’arrache pas s’il te plait ! ») .
Aparté pour les mauvaises langues : je m’en suis finalement bien sortie. J’ai eu mon permis haut la main, du 1er coup, sans avoir vraiment mes 20h de conduite (mais ça je vous le raconterai une autre fois…chutttttt) et même que c’est toujours à moi qu’on balance les clés par-dessus le capot « Tiens, c’est toi qui roule ! » (Delphine, Rachid, Olivier, Mister P… si vous passez par là 😉 ).
Bref nous les gauchers on est en permanence à contre-courant et, par conséquent beaucoup plus souvent victimes d’accident, notamment à cause des outils électriques pas du touuuuut adaptés : une fois la scie sauteuse ou la tronçonneuse en main – la gauche –, impossible d’enclencher rapidement la sécurité en cas de problème. Et puis, la limaille ou les copeaux, expulsés du bon côté pour les droitiers, giclent en plein dans le visage du gaucher.
Certaines études disent que du coup on vit moins longtemps (certaines recherches avancent même 9 ans de moins !), on s’use pas mal et le fait que la vie de tous les jours ne soit pas adaptée aux gauchers fait de nous des maladroits chroniques et nous expose à plus de dangers.
D’autres au contraire prétendent qu’on est plus résistants parce qu’obligé de s’adapter à un monde qui n’est pas fait pour nous .
Qui dit étude dit souvent études pourries qui ne servent à rien. On y apprend notamment que :
- Les kangourous seraient gauchers…comme les chevaux d’ailleurs.
- Les gauchers seraient plus doués en musique.
- Et plus forts dans les matières scientifiques.
- 20% des psychopathes seraient gauchers (alors qu’on ne représente que 12% de la population).
- Les hommes gauchers gagnent plus que les hommes droitiers, évidemment ici on ne parle pas des femmes qui gagnent foooorcément moins qu’elles soient gauchères ou droitières.
- Qu’il faut être gaucher pour être élu président des Etats-Unis (en tout cas les 6 derniers, l’étaient…. Le 1er qui est en capacité de me dire comment est latéralisé Trump je lui paie une bière).
Donc, chers gauchers : bonne fête à vous !
« Je suis un gaucher contrariant. C’est plus fort que moi : il faut que j’emmerde les droitiers ».
Pierre Desproges
Excellent et tellement vrai !
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