Choisir ou ne pas Choisir, telle est l’Election !

Plus je suis la campagne présidentielle en France et plus je me demande si le principal soucis des électeurs amenés à choisir un nouveau président dans quelques semaines n’est pas justement de devoir s’embêter à choisir. Malheureusement, cette année au pays de Molière, nous sommes loin du bipartisme américain et le pile ou face n’est pas possible. Et ce serait quand même triste à quelques mois d’intervalle de se Trumper une seconde fois. Les deux candidats des principaux partis de droite et de gauche sont soient empêtrés dans les affaires jusqu’au cou soit affairés à trouver une idée révolutionnaire pour gagner le devant de la scène dans les médias que le premier aimerait bien quitter. Les électeurs historiques de ces deux parties se posent alors la question, certains probablement pour la première fois, ne vont-ils pas faire une entorse à leur religion politique dans le secret l’isoloir? Mais alors pour qui voter…
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Parfois je me demande si un électeur n’a pas la même mentalité qu’un supporter de foot. Il n’encourage pas l’équipe qui joue le mieux mais le club de son cœur. Et peu importe si celui ci joue mal, fait des fautes et truque le match pour l’emporter, l’important c’est que la victoire soit au bout. C’est binaire, on supporte une équipe et l’autre doit perdre coûte que coûte. Eh bien en politique j’ai l’impression que les gens ont intégré le même schéma. On est de droite ou du gauche (je ne ferai aucune déclinaison en parlant des extrêmes, ça complexifierai la démonstration) et peu importe que le camp d’en face ait des joueurs de qualités ou pas (le candidat), une qualité de jeu certaine (le programme), on défend bec et ongle ses couleurs! Et si au bout on connait la défaite, même justifié pour diverses raisons, on aura la mauvaise foi du supporter en jurant qu’on méritait la victoire et que le camp d’en face l’a volé. Avec un tel champion, le championnat ou plutôt le pays va droit dans le mur, on est loin de toucher au but. Le redressement du pays, ce sera pour plus tard.
Pour éviter la défaite et croire en la victoire, rien de tel que de motiver ses troupes dans d’immenses réunions de supporters (les meetings ou réunions publiques pour les défenseurs de la langue française) où on siffle les adversaires, on chante, on agite les drapeaux, on se grime aux couleurs de son camp, on s’équipe à la boutique avant d’entrée dans la salle. L’arène est déjà aux trois quarts remplie par les différents kops de supporters qui sont déjà en train de chauffer la salle. Les jeunes avec machin. Les femmes votent truc. Les retraités encouragent bidule. Un vrai show à l’américaine avec chauffeur de salle, jingle, mise en scène et évidemment les médias qui rendent compte de ce grand barnum en direct sur les sites web, les réseaux sociaux ou à la télévision. Et voilà comment l’électeur est transformé en une simple groupie assistant au show de son idole. On est plus très loin du rapport du disciple à son gourou. Les partis politiques comparés à une secte? ils ont au moins en commun de compter entre autre sur les dons de leurs partisans pour survivre financièrement…
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Oui mais voilà, cette année, il n’y a plus 2 grosses équipes qui dominent et les seconds couteaux sur le banc qui attendent pour ramasser les miettes et les quelques circonscriptions non remportées par le duopole. Les 2 grosses écuries qui trustent les lauriers depuis des années sont en difficultés et voient le titre suprême leur échapper. C’est un peu comme si Lamotte-Beuvron (en espérant ne pas vexer les supporters de ce club mais les instituts de sondage me l’ont garantit, il y a 0,05% d’en croiser un sur ce blog. Si malgré tout, les statistiques se trompaient une nouvelle fois, n’hésitez pas à vous manifestez en bas de page). Je ferme la parenthèse. Je disais donc que c’est un peu comme si Lamotte-Beuvron  faisait la nique au PSG (maillot bleu) et à Monaco (maillot rouge). Et le pire c’est qu’en finale l’adversaire en face ne serait même pas un de ces deux là.
Le match retour va donc probablement opposer un « petit » club à un autre petit club qui malgré tout grandit depuis plusieurs saisons et réputé pour ses supporters enclin aux dérapages racistes et homophobes dans les tribunes. Et là nos supporters du PSG ou de Monaco ont évidemment un gros problème, qui encourager pour la finale?
Parce qu’évident ils sont tout de même dans leur canapé à vouloir regarder le match eux qui avaient pris l’habitude d’être aux premières loges les saisons d’élections précédentes. Certains, écœurés, éteignent tout de même leurs écran de télé pour fuir à la campagne loin du tumulte et s’abstiennent de participer à ce gloubiboulga politique. Pour ceux qui n’ont pas fui dans les champs il va falloir tout de même choisir un camp. Rester dans le sien malgré les soupçons de tricherie de son joueur préféré ou retourner sa veste et changer de maillot. Et là, sans bercer dans les extrêmes, une troisième voie s’ouvre, mettre le PSG et Monaco dos à dos, 1 partout balle au centre. Eh oui, on nous propose une nouvelle voie. Un nouveau club qui fusionnerait en quelques sortes les 2 précédents en prenant les meilleurs joueurs de chaque équipe. Enfin ceux qui seraient ouvert au transfert mais dans tous les cas, ce serait un club où on respecterait l’adversaire, chose nouvelle dans cet univers où taper sur le mec d’en face est une tradition séculaire. Difficile de changer les mentalités. Dans ce nouveau club on saurait reconnaître les qualités des joueurs adverses ou au contraire tirer la sonnette d’alarme lorsqu’ils dépassent les limites du terrain.
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Mais pour beaucoup un tel club ne peut pas exister. On est forcément contre l’adversaire, on ne peut pas avoir l’esprit de compétition et accepter la victoire du camp d’en face. En résumé, encourager le centre, ce serait un peu comme encourager l’arbitre qui reconnait les belles actions de chacune des équipes en sifflant quand le ballon franchit la ligne de but, mais n’hésite pas également à stopper le jeu lorsque des membres d’une des deux équipes commettent des fautes. Et ça, pour nos esprits habitués à être contre ceux qui ne sont pas d’accord avec nous, c’est un concept inconnu. En effet ça oblige à s’interroger sur quelle équipe joue le mieux, possède la meilleur idée de jeu, celle qui respecte le plus les règles. On ne peut pas juste se contenter de supporter son équipe en se cachant derrière son drapeau quand celle ci joue mal ou cherche à corrompre l’arbitre. Ça oblige tout simplement à la réflexion et je ne suis pas sûr que les électeurs en ont vraiment le temps ni l’envie. Dans notre société où tout va toujours plus vite, c’est tellement plus simple de se dire, je suis de gauche, je vote à gauche, je suis de droite, je vote à droite. Si maintenant, il faut déjà passé du temps à savoir quel est le candidat de la droite, quel est le candidat de la gauche avec en plus tout un tas d’autres options floues à côté, comment s’en sortir!
J’ai l’impression que les élections sont devenues une guerre de clans où les idées et les programmes ont été complètement mis au second plan. On traite de girouette le politicien qui va changer de camp régulièrement sans renier ses idées. Par contre l’homme politique qui dit blanc un jour, noir le lendemain et vert le surlendemain mais qui reste dans le même parti politique, alors là, on le qualifiera de fidèle à ses idées et fiable. Je ne sais pas vous mais là je pense qu’il y a quelque chose d’illogique.
Nos chers dirigeants quasiment tous issus de la même école choisissent finalement à la sortie le parti le plus susceptible de les faire gagner pour réussir leur carrière en politique un peu comme un jeune joueur de foot choisi le club où il va pouvoir le mieux s’épanouir et évidemment où il sera le mieux payé. Mais je m’égare, évidemment en politique, le salaire n’est pas la motivation, on y vient pas conviction…et on y reste pour l’argent j’en ai malheureusement bien l’impression!
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Je n’ai jamais compris pourquoi lorsqu’on fait le portrait d’un candidat ou d’un nouveau ministre, on nous présente sa carrière politique. La seule motivation devrait être de porter ses idées avec comme objectif le bien être du pays mais pas de faire carrière. Le but n’est normalement pas de porter des idées auxquelles on ne croit pas dans le but unique de se faire réélire pour son bien être personnel. C’est évidemment facile à écrire et dans les faits j’imagine que lorsqu’on entre dans le système, il finit probablement par nous corrompre, d’abord au niveau de nos idées et pour certain ensuite au niveau du porte monnaie… . Et puis, on doit aussi se dire qu’il est plus facile de faire entendre ses idées en ayant un mandat même si pour cela il faut quelque peu les trahir pour l’obtenir.
Lorsqu’on suit la politique de prêt il est assez amusant de suivre le parcours de certaines personnalités. Prenons un exemple dont toutes ressemblances avec des faits réels ne seraient pas purement fortuites. Cette personne commence sa carrière à droite. Pourquoi pas. Ensuite elle développe son identité écolo et crée son propre partie mais en restant à droite. Le centre réussi une percée aux élections présidentielles, elle décide donc d’accoler son partie au centre et quitte la droite. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis après tout. Elle se fait élire au parlement européen sur les listes de ce parti. Mais les années passent et le parti du centre est en perte de vitesse alors que les écolos eux ont le vent en poupe dans les sondages (l’énergie éolienne ça aide!). Eh bien que fait cette personne? Evidemment elle se rallie aux écologistes tout en gardant son mandat de député européen gagné grâce au partie du centre. La logique voudrait qu’elle démissionne mais la logique en politique est un concept abstrait. L’éclaircie pour les écolos aura été de courte durée et le ciel s’assombrit de nouveau ce qui n’est pas bon pour les éoliennes. Elle soutiendra donc le candidat socialiste aux élections présidentielles suivantes puisqu’il est en tête dans toutes les enquêtes d’opinion. Et pour l’élection de cette année, re-changement de camps, je vous laisse deviner pour qui elle roule sachant qu’au moins, pour le moment elle n’a heureusement pas verser dans les extrêmes! Mais on ne sait jamais, selon ce que nous réserve l’avenir, ça pourrait changer.
Là où cette stratégie est dangereuse, c’est que les sondages ont prouvé ces deniers mois qu’ils étaient de moins en moins fiables. Il va donc devenir difficile de miser sur le bon cheval avec certitude et de monter dans le carrosse menant à l’Elysée à temps. Mais si on suit les résonnements que je lis et entend à droite et à gauche, cette personne est restée fidèle à son parti tout au long de sa « carrière » politique. Elle a juste fait alliance selon les opportunités pour récupérer de ci de là quelques mandats en étant soutenu par le parti à la mode à chacune des élections. Personnellement j’ai plus de respect pour un politicien qui sacrifie sa réélection aux noms de ses idées plutôt que de pactiser avec l’ennemi d’hier pour sécuriser un nouveau mandat de 5 années supplémentaires et tous les avantages qui vont avec. Cette vision sera qualifiée d’utopique je n’en doute pas. Mais dans certains pays, les mandats sont uniques et les salaires loin d’attirer les candidat qui cherchent à faire fortune. On vient à la politique par conviction pour défendre ses idées et on se retire ensuite après avoir tenter de les mettre en place durant sa mandature. Quelqu’un prendra le relais si les idées sont bonnes pour poursuivre le projet. Cette solution a l’avantage de laisser l’élu se consacrer à la mise en place de son projet sans avoir à se soucier d’une éventuelle réélection et de tous les cadeaux électoraux que cela le pousserait inévitablement à offrir.
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On devient professeur ou instituteur par conviction, peut être pour la sécurité de l’emploi ou les vacances, mais peu y viennent pour faire fortune, eh bien la politique devrait fonctionner sur le même principe et ça nous éviterait surement pas mal de conflits d’intérêts. Alors certains vont me dire que du coup on va se priver des plus grands cerveaux qui préféreront monnayer leurs services dans le privé. Eh bien quand je vois les cerveaux qui nous dirigent actuellement, j’ai envie de dire que je préférerai qu’ils aillent couler des entreprises privées plutôt que l’état. Ça se ressentirait moins sur ma feuille d’impôts. Peut être un peu sur ma fiche de salaire si ils ont le malheur d’atterrir au conseil d’administration de ma boite mais c’est plus facile de changer d’entreprise que de pays surtout en cette période où le protectionnisme et la fermeture des frontières reviennent à la mode
Aujourd’hui l’image et l’étiquette compte plus que le programme et les idées excepté les 3-4 mesures phares présentées à longueur d’interviews et d’émission sur les plateaux de télévision sorte de tête de gondole pour attirer le client. Mais le client va avant tout choisir le produit selon la marque ou l’emballage (et on sait depuis quelques jours que certains mettent le prix au niveau des costumes…) plus que par rapport à ce qu’il y a dans le paquet de céréales excepté évidemment le cadeau surprise, baisse d’impôt, revenu universel, VIème république, sortie de l’Europe selon les affinités. Pour reprendre la métaphore du foot: un supporter du PSG n’achètera jamais une voiture avec un autocollant de l’OM sur le pare choc, peu importe que la voiture soit une Ferrari ou je ne sais quelle voiture de luxe, par contre il montera les yeux fermés dans la deux chevaux qui ne passe plus le contrôle technique depuis des années mais qui arbore fièrement les couleurs de son équipe préférée.
Les jours où les électeurs feront leur choix sur le fond du programme et non sur l’étiquette ou l’image du candidat renvoyée par la presse pas toujours impartiale (il n’y a qu’à voir la FOX aux Etats Unis avec Donald Trump par exemple) alors la vie démocratique gagnera surement en qualité et évitera de ressembler à une émission de télé réalité.
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Je n’ai pas écrit tout ça pour vous dire pour qui voter, chacun est libre mais les exemples dans l’histoire prouve que les expériences extrêmes sont dangereuses et mieux vaut réfléchir un minimum avant de glisser son bulletin dans l’urne. Plutôt que de choisir son candidat préféré à l’aveugle dans son fauteuil en écoutant juste ses belles paroles, mieux vaut aller voir derrière le rideau qui il est vraiment. Allez voter c’est un devoir et c’est important, réfléchir un minimum pour qui et aux conséquences avant, c’est encore mieux!

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