Cher toi,

vélo à contresens

Cher toi,
Je ne sais pas si tu l’as saisi…mais quand j’observe tes réactions ou qu’on me rapporte des trucs, manifestement ce n’est pas le cas… Donc tu n’as pas saisi que depuis quelques semaines j’utilise une nouvelle stratégie :

LA

PRISE

DE

DISTANCE.

Ce truc qui est censé me protéger des mauvaises ondes et par extension des gens qui en débordent. Tu te demandes pourquoi ? Je ne suis pas juste égocentrique (ou peut-être que si en fait) mais c’est surtout que , si tu te souviens bien et que tu t’es intéressé un tout petit peu à ma petite vie, ça a été un peu (très beaucoup) compliqué pour moi pendant quelques semaines personnellement, médicalement parlant et deeeeeense professionnellement !  Alors clairement, j’en ai rien à cirer de tes soucis en ce moment, j’ai envie qu’on me plaigne et même mieux : j’ai envie qu’on soit là pour moi juste pour changer de d’habitude. Je crois que j’ai fait une overdose d’empathie, j’ai toujours été là pour toi, quand tu pleurais sur mon canap, quand tu te plaignais de tes mômes, de tes parents, de ton mec, de ta gonzesse du  jour, de tes potes, de ton taf… Je crois qu’il est temps de t’informer que non,  ce n’est pas chez moi que ça se passe, tu t’es planté de lieu, le bureau des plaintes, des pleurs c’est au 3e, au fond, porte de gauche.

 

Toi, tu as été intrusif et même parfois vampirisant. Tu t’es permis d’aller parler de moi à mes amis les plus proches voire de très proches alors qu’il était tellement simple de venir me voir et de me demander ce que tu voulais savoir …mais évidemment je t’aurais, plus ou moins gentiment (certainement moins que plus d’ailleurs !), renvoyé dans tes pénates.

 

J'ai pas le temps

C’est chronophage tout ça, toutes ces histoires, tous ces trucs que tu crées, toutes ces chamailleries et tout ce que tu viens déposer chez moi ; ça occupe mon temps, ça occupe mon esprit, ça prend de la place tout le temps. Et ce temps est précieux.

Et puis, tu sais, le truc par lequel je suis passé, le truc qui a occupé mes longues journées de mois de printemps et d’été, le truc qui a inquiété mes proches, ce truc qui a filé des insomnies à enfant 1, qui a fait somatiser enfant 2, qui a fait que mon big boss préféré m’a appelée ou laissé un message chaque jour, ce truc qui fait s’éloigner certaines personnes quand tu prononces son nom, ce truc remet les priorités à leur place.

Un cancer ramène à l’essentiel, un cancer fait tout seul comme un grand le tri dans les gens qui comptent et les autres. Un cancer te rapproche des gens que tu as pu détester quelques semaines auparavant. Il fait sonner à ta porte des voisins avec des chocolats, des Amis qui mettent tes enfants dans leurs valises, pour leur faire plaisir et pour que tu puisses te poser. Il fait biper ton téléphone souvent. Il fait venir chez toi de copines, des potes dont la seule ambition est de te faire rire. C’est à ça que j’aspire maintenant : je ne m’encombre plus des gens déprimants, tristes et pathétiques.

Etre égoïste pour être heureux ? Why not ! Encore que… Si j’ouvre un dico je lis :


L’égoïsme est un tempérament qui consiste à avoir tendance à privilégier son intérêt propre aux dépens de celui du reste du monde en général, ou d’autrui en particulier. L’égoïsme est ordinairement considéré comme un défaut, à l’opposé de l’altruisme dont la caractéristique est de s’intéresser et se dévouer pour autrui. L’égoïsme se distingue de l’égocentrisme qui est la tendance à ramener tout à soi-même, à se sentir le centre du monde. L’égoïsme se rapproche parfois de l’individualisme lorsque ce dernier terme est entendu de façon populaire et péjorative.


L’égoïsme, le vrai, c’est ça,  ne pas tenir compte des autres, toujours les faire passer après soi, fermer la porte au bonheur, condamner les plaisirs minuscules et ne plus en faire collection : erreur et risque, arrêtez tout vous vous trompez de chemin !

Minute culturelle : Flaubert écrivait par exemple « Être bête, égoïste et en bonne santé : voilà les trois conditions requises pour être heureux »… si on lit les mots qu’il a posés à la fin de sa vie on s’aperçoit vite vite qu’il le regrette et s’en mord les doigts (s’il avait encore des dents pour le faire).

Le mode prise-de-distance c’est différent, moi ce que je veux, le truc auquel j’aspire c’est arrêter d’être parasité par les soucis des autres, parce que les miens me suffisent amplement. Donner, pourquoi pas, sans attendre en retour, sans me sacrifier, parce que ça fait aussi partie du job quotidien de l’humain d’être un peu là pour les autres.

Bref, cher toi : ne tente pas de manipulation psychologue ou pire, ne tente pas de chantage affectif. Ca ne fonctionnera pas, ça ne fonctionnera plus. On va peut être se croiser, ici ou ailleurs, dans une salle de concert, dans un resto, à une réunion, dans un couloir, entre deux rayons d’un supermarché,  ; je te saluerai, je te demanderai même comment tu vas, ça me fera vraiment plaisir de te voir mais tu ne me vampiriseras plus.

Comme le dit le proverbe «charité bien ordonnée commence par soi-même» : je m’apprécie, je m’estime, je m’aime, c’est la raison pour laquelle je m’éloigne discrètement de toi…sans discussions, sans disputes, sans mal-entendus.

Bref, je m’éloigne de toi parce que tu ne me conviens plus ; tu nuis à mon âme, à mon estime, voire à mon quotidien parfois.

Je m’éloigne de toi,

Et je te souhaite le meilleur, vraiment.

 

Mais pour cet autre Toi, tellement précieux et inébranlable :

On a été là l’un pour l’autre pendant tant de mois,  comme ce soir lugubre de mars par téléphone interposé, comme ce mardi soir où tu as fait 70 bornes pour venir manger une pizza trop sèche dans un restau désert qui ne sert même pas de Monaco, comme cette nuit où tu m’as tel en sortant de poste à 1h en commençant par « Coco, ça ne va pas », on a vécu des situations improbables (c’est décidément le fil rouge de notre relation l’IMPROBABLE), moi un rasoir en main et tes épaules sous la lumière blafarde du néon ou sur un quad à te détester de me faire prendre des descentes et des montées aussi raides, nos échanges sur tout, sans tabou, sans censure, sans se demander si on s’aimerait encore après ça. Mais surtout Toi qui m’a présenté mon autre moi. Et ça, ce n’est pas rien ! Je ne sais pas si tu te rends compte à quel point tu as visé juste. Plus précis, parfait, cohérent, synchro, identique aurait été suspicieux… Il n’y a que toi qui pouvais mieux que quiconque savoir qui m’élèverait aussi haut, qui aurait les mêmes délires, les mêmes envies de bout du monde, le même humour pourri… qui serait aussi parfait pour moi.

Tu sais que même j’ai cru que ça n’allait jamais s’arrêter cette relation fraternelle mais j’ai vraiment failli claquer la porte sur cette relation après 4 longs mois de silence. Oui, je t’en ai voulu  de ne pas avoir eu le courage de prendre ton téléphone cet été là pour m’en parler.

Pourtant… une étreinte sur un parking, un restau de sushis, retrouver notre complicité presque instantanément a effacé toute rancœur. Cette amitié-là n’a ni exigence ni reproche. C’est avoir une oreille bienveillante sans jamais juger l’autre. Mais c’est aussi être capable de lui dire quand il déconne, de le secouer lorsqu’il en a besoin et de le conseiller lorsqu’il en fait la demande.

Mon ami-roir…

Parce qu'on aime bien avoir votre avis...

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.