
En 2020 à Tokyo, 5 nouveaux sports feront leur apparition aux jeux olympiques (le karaté, le surf, l’escalade, le skateboard et le baseball-softball) mais il y en a un qui mériterait d’être ajouté au programme, c’est celui de spectateur. Pas celui qui est tranquillement installé dans son canapé et qui peut avoir, sa télévision branchée sur une chaîne qui zappe pour lui sur les différents événements importants, son téléphone sur un autre sport en direct, son PC sur un troisième et sa tablette sur un dernier. Celui là, le seul effort qu’il a à fournir, est de se lever pour aller chercher un rafraîchissement dans sa cuisine. Non, la vraie performance sportive est de vivre les JO sur place et de voir un maximum d’épreuves. Et il ne faut pas se leurrer, en étant sur place, vous vivrez de grands moments de sport en direct mais vous en manquerez forcément un grand nombre d’autres…

I’m alive ! J’ai survécu à 9 jours d’épreuves olympiques, à Zika, à la violence des favelas, aux pickpockets, aux échafaudages paraissant aussi inquiétant que la légitimité du gouvernement brésilien. Bon là j’avoue que le seul risque de l’instabilité politique était qu’on me colle un autocollant « Fora Temer » (dégage Temer, le président intérimaire après la suspension de Dilma Rousseff l’ancienne) de force sur mes vêtements et ça ne m’aurait pas vraiment dérangé même si je ne maîtrise pas tout de la politique brésilienne. Bref, après 9 jours à vivre, manger et boire jeux olympiques, l’atmosphère est maintenant bien étrange à Rio. On ne croise plus de volontaires dans leur tenue flashy, plus de personnes se baladant l’accréditation autour du cou alourdit par les pins attachés au cordon. Car oui il faut le savoir, la folie des pin’s continue à sévir dans le monde de l’olympisme et c’est même un marché très lucratif puisque le prix moyen neuf tourne autour de 10 euros ! Mais la règle principale reste le troc et il est fréquent de voir les gens s’arrêter et proposer un échange à la personne qu’elle vient de croiser. Et pour se fournir en matière première sans avoir à débourser un centime de Réal (monnaie brésilienne), il faut être membre d’un comité olympique ou d’une télévision qui donne de quoi entamer les échanges à leurs membres. Autre solution, aller traîner du côté des sponsors des JO qui donnent souvent à leurs visiteurs quelques précieux sésames qui deviendront forcément collector. Et même après les JO, les échanges continuent sur Copacabana devant le Mégastore Rio 2016. On peut compléter sa collection de verres de bières (distribués dans les enceintes olympiques, 42 différentes à collectionner, un par épreuve), de Reals olympiques (pièce de 1 Real édition spéciale JO) et donc de Pin’s. Voilà de quoi entretenir la flamme en attendant les jeux paralympiques dans deux semaines et oublier que partout dans Rio on range, on empile et on démonte les installations qui ne serviront plus.

Les premières à disparaître sont les « maisons » des pays qui n’ont vécu pour la plupart que deux semaines. En effet, pendant les JO, c’est une mini exposition universelle qui s’installe dans la ville. Plusieurs pays privatisant un musée (Japon) ou un centre hippique (France) ou bien créant un pavillon de toute pièce (Corée, Allemagne,…) pour fêter les médailles mais aussi pour promouvoir leurs attraits touristiques. Les marques (Coca, Samsung, etc…) ou les fédérations sportives (FIVB, NBA,…) ne sont pas non plus en reste. L’entrée étant pour la plupart du temps gratuite ou à prix dérisoire, un moyen économique pour vivre l’ambiance JO sur écran géant et repartir avec un petit souvenir, un pin’s voir pour les plus fortunés un vêtement officiel de l’équipe olympique du pays en question (Ralph Lauren pour les USA, Lacoste pour la France, Armani pour l’Italie…). Toutes ces maisons étant dispersées un petit peu partout dans Rio et nécessitant pour certaines une longue attente (Coca, NBA house,…), difficile d’en faire le tour en deux semaines!

Mais revenons aux JO proprement dit. On a tout lu et tout entendu sur RIO 2016. Comme avant chaque JO, on s’est inquiété sur la livraison des équipements à temps. Comme c’était les premiers en Amérique du Sud dans un pays pas aussi développé que nos pays occidentaux et de surcroît en pleine crise économique, politique et sanitaire, avant même le début des épreuves on s’attendait aux pires JO de l’histoire. Tout n’était surement pas parfait mais si ça avait été le cauchemar annoncé, le JO blues ne se serait surement pas installé dans la ville merveilleuse…

L’immersion olympique s’est faite dès l’aéroport à Francfort puisque l’avion est rempli à moitié par des athlètes, allemands évidemment, mais aussi biélorusses, autrichiens, slovènes, un mini village olympique en plein ciel. Et ils ne voyagent pas en première classe comme on pourrait le penser. Pourtant certains le mériterait comme mon voisin, Tobias Dahm, un lanceur de poids allemand à la carrure imposante qui heureusement a réservé un siège avec un peu plus de place pour ses jambes. Une chose est sûre, à côté de lui je ne fais pas le poids.
A l’aéroport par contre, on redevient vite un simple spectateur et on a pas droit aux mêmes comités d’accueils que les athlètes, les membres des comités olympiques, les sponsors ou même que les spectateurs qui ont réservés leurs séjours auprès des tour operators officiels. Il faut donc traverser une nuée de porteurs de pancartes aux logos plus grands les uns que les autres pour se retrouver dans le hall des arrivées, assez morne il faut bien le dire malgré une mascotte des JO en carton. Il faut ensuite acheté sa RioCard (carte de transport) pour pouvoir se déplacer durant les jeux. C’est la première file d’attente du séjour puisque les machines automatiques sont déjà hors (ou bien pas encore) en service. Viennent ensuite les problèmes de paiement. Les fonds de caisse sont assez légers au Brésil et mieux vaut avoir l’appoint ou la bonne vieille carte de crédit. Ceci est valable à peu près partout et quand vous donnez l’appoint on vous remercie comme si vous aviez laissé un pourboire généreux. En achetant un souvenir dans une boutique à Copacabana, j’ai sorti ma monnaie devant la caissière dont les yeux se sont illuminés en apercevant toutes mes pièces de 1 réal qu’elle s’est empressée de m’échanger contre un billet. Voilà comment on emballe les filles ici, en déballant sa petit monnaie, pas besoin de dégainer sa carte de crédit…
Et c’est parti direction Copacabana lieu de mon AirBnB, l’hébergeur officiel de ces JO 2016. Là où chez nous, on fait la guerre à ce mode d’hébergement, ici c’est la parade au manque de capacité hôtelière pourtant augmentée avec l’attribution des JO. Il faut 1h de route depuis l’aéroport international pour rejoindre le célèbre quartier de la capitale Carioca. Selon mon chauffeur, c’est parce qu’il est tôt et que c’est le week end que la circulation est aussi bonne. Sur la route, les quartiers pauvres succèdent aux quartiers plus aisés. En arrivant dans le centre ville, des militaires ou des policiers à tous les carrefours, des barrières en grand nombre et des banderoles Rio 2016 partout, pas de doute, les JO c’est bien ici.

Première étape avant de me lancer pleinement dans mes jeux olympiques, récupérer mes billets, ça peut servir…il faut savoir qu’en tant que spectateur hors Brésil, on est obligé de passer par les tour operator officiels de chaque pays pour pouvoir réussir à se procurer les précieux sésames permettant d’accéder aux fameuses salles et stades à moitié vides…Et pourtant, même en s’y mettant 1an avant, à vérifier la disponibilités des tickets régulièrement, à s’inscrire sur des listes d’attente, à participer aux ventes spéciales et autres jeudi en or, il a fallut se battre pour obtenir le billet pour la session désirée. Autant le dire, ces chers tour operators ont soigneusement organisé la rareté des biens pour attiser l’appétit des amateurs de JO et justifier les prix exorbitants (souvent 2 à 3 fois la valeur faciale en réals brésiliens) et les frais de dossiers hallucinants (50 euros minimum même pour un seul billet…). Comme je n’avais pas envie de faire 10 heures d’avion et ne pas être sûr d’assister aux événements que je voulais voir, je suis entré dans le jeu, en trichant… . Car comme je l’ai dit plus haut, chaque pays a son revendeur de billets attitré censé ne vendre qu’aux ressortissants du dit pays voir à quelques autres Europe oblige. Mais c’est évidemment facile à contourner. Il suffit juste d’avoir une adresse dans le pays en question au moment de remplir le bon de commande et personne ne vérifie si vous êtes vraiment résident dans ce pays.
C’est donc vers le revendeur de billets anglais que je me dirige dans ses bureaux ouverts spécialement pour l’occasion dans le quartier de Botafogo. Échaudé par tous les cris d’alarme sur la sécurité à Rio, j’ai évident planqué passeport, argent et carte de crédit dans une ceinture sous mes vêtements. Quand j’arrive devant le bâtiment, j’ai l’impression d’être devant la réserve fédérale américaine. Deux colosses surveillent l’entrée, une fille se charge de vérifier mon identité à travers la grille tandis qu’un quatrième gars est responsable de m’ouvrir la porte une fois que mon nom a bien été trouvé sur la liste. J’entre ensuite dans cette maison reconvertit pour l’occasion en bureau de vente de tickets où trois vendeuses s’ennuient à mourir en attendant le client. Après avoir serpenté dans les barrières qui ne servent à rien puisqu’il n’y a personne, j’arrive au comptoir où on me remet mes billets sans s’inquiéter du fait que je ne sois pas officiellement un sujet de sa majesté… Pour le reste de la compétition, je suis passé par le site officiel des JO de RIO 2016 jusque là réservé aux citoyens brésiliens mais qui s’est ouvert à l’international devant le manque d’entrain (et surtout de moyen pour la grande majorité) des Cariocas. Les billets y étaient offert à la valeur faciale et sans frais de dossier, autant dire que nos 3 vendeuses n’ont pas du voir passer beaucoup de monde durant la quinzaine des JO.
Reparti vivant avec mon argent, ma carte de crédit et mes billets, je peux donc enfin partir pour le parc olympique de Barra et tester les affreux transports de Rio, du moins c’est comme ça qu’ils ont été décrit partout.

Alors oui, mettons fin au suspens, les transports à Rio pendant les JO ont été un cauchemar, du moins si on les regarde d’un point de vue occidental mais pour les Cariocas, je ne dirais pas que ça a été un bonheur mais par rapport à ce qu’ils connaissaient avant les JO, c’était plutôt très bien. Clairement, ceux qui comme moi avait prévu d’enchaînait les épreuves en disant qu’une heure entre chaque session suffirait bien à changer de stades ou de zones, on en a été pour nos frais et nos sièges sont restés vides dans le stade. Finalement c’est presque passé inaperçu vu le taux de remplissage. En fait il n’y avait quasiment pas de lignes directes entre un stade ou un autre, excepté évidemment pour tous les stades et salles d’une même zone mais là il suffisait de marcher. il y avait toujours au moins une correspondance de bus, de métro ou de train pour se rendre là où on voulait allé, et évidemment les correspondances étaient loin de ne prendre que 5 minutes, sauf en ayant beaucoup de chance. Le problème était d’en avoir la première fois pensant que c’était la norme et d’arriver plein de confiance la seconde et de rater le début de son épreuve… Pour se rendre au pars olympique depuis Copacabana ou le centre de Rio, il faut d’abord prendre une première ligne de métro. Attention, pendant une dizaine d’arrêts, deux lignes se côtoient sur le même tronçon. Si vous être sur la ligne qui s’arrête à Botafogo, vous devez changer pour une autre ligne, faire 4 arrêts supplémentaires et descendre pour monter dans la toute nouvelle ligne construite exprès pour les JO et qui n’a ouverte que quelques jours avant. A ce stade (sans y être encore…), vous avez déjà souvent perdu 20 minutes. A partir de la nouvelle ligne de métro, il n’y a plus que des olympiens puisqu’il faut la RioCard et un billet des JO pour pouvoir tester les nouvelles rames. Assez incroyable d’être parfois seul sur un quai de métro tout neuf. Après 25 minutes de trajet et quelques arrêts où peu de gens montent, vous sortez du tunnel et une petite musique se déclenche. Une dame à l’accent joyeux annonce que vous êtes arrivé dans le quartier de Barra! Et là on se met à la place des brésiliens qui a priori mettaient parfois 3 heures en bus pour arriver au même point. On comprend le petit jingle. Et si vous en êtes déjà à 45 minutes de trajet ce qu’on peut estimer long, pour le brésilien moyen, c’est une ou deux heures de gagné!
On replonge ensuite dans le tunnel de la dernière station de la ligne le Jardim Oceanico transformé durant les JO en un hub de bus. Eh oui nous ne sommes pas encore arrivés au parc olympique, il faut encore prendre une navette. C’est assez bien organisé puisqu’il y a toujours 5-6 bus prêts à partir. Mais il y a encore 20 minutes de trajets ce qui fait qu’il faut bien prévoir plus d’une heure entre le centre de Rio et le parc olympique qui regroupe 7 arenas ou salles ainsi que le complexe de Tennis, autant dire le centre névralgique de ces JO. Quand vous débarquez du bus, votre périple n’est pas tout à fait terminé. Une grande passerelle vous mène à l’entrée du parc et aux contrôles de sécurité. Mieux vaut fermer les yeux sur les échafaudages digne de Tetris et les ré-ouvrir pour ne pas louper une marche puisqu’ils ont eu la bonne idée d’en faire des larges, des petites, des hautes et des basses… Il y a eu quelques chutes à signaler mais sans gravité pour celles dont j’ai été témoin. Au stade olympique pour l’athlétisme, les mêmes échafaudages ont servi à ré-hausser deux tribunes dans les virages (à voir le taux de remplissage, ça n’aurait peut être pas été utile) et elles aussi ont tenu. Moralité, les brésiliens sont doués pour les échafaudages, ils auraient du juste demandé conseil au londonien sur comment faire pour les dissimuler sous de grandes bâches pour que ce soit plus esthétique et moins impressionnant.

Ça y est, enfin vous avez atteint le Graal, le parc olympique! Votre match de basket ou de hand commence dans 15 minutes et malheureusement vous avez encore les contrôles de sécurité à passer. Honnêtement, ça n’a pas été l’aspect le plus casse pied de ces JO. Il fallait juste être malin et repérer les files où il n’y avait pas trop de monde car à certains endroits, il y avait foule, et à d’autres pas un chat… Les bénévoles censés diriger les spectateurs vers les files les moins chargées avaient semble t-il toujours un train de retard. Le mieux était alors de rebrousser chemin et de prendre la porte d’à côté pour ne pas perdre de temps.
Pour les contrôles à proprement dit, à part quelques agents zélés, c’était plutôt cool. A la fin je passais avec ma ceinture et personne ne disais rien, c’était plus pour la forme que de réels contrôles. Je suis passé plusieurs fois avec des bouteilles en métal coca et on ne m’a jamais rien dit. Une autre fois par contre on m’a fouillé intégralement mon sac alors que je n’avais rien en métal dedans. C’était au Lagoa stadium, lieu des épreuves de Canoé et Kayak et comme par hasard le stade où il y avait le plus d’attente dans les files de sécurité ce qui en a énervé plus d’un entendant un peu plus loin le speaker annoncer le départ des courses. Pourtant c’était un des rares stades où les gens sans billets pouvaient sans problèmes assister aux régates derrière les barrières transparentes (dans nos contrées, on aurait mis des barrières opaques pour éviter les resquilleurs). Pourquoi alors passer un objet interdit dans son sac alors que n’importe qui aurait pu vu le lancer par dessus une grille un peu plus loin. Le responsable sécurité de ce stade était peut être un peu plus tatillon qu’ailleurs sans avoir pensé à tout.

Une fois à l’intérieur du parc olympique, il y avait encore souvent du chemin à faire jusqu’à votre place puisque les différentes salles étaient réparties sur une voie d’au moins 2 kilomètres donc si vous aviez rendez vous pour du handball à la Future Arena ou la Natation au centre aquatique tout au bout du parc, il fallait encore bien compter 15 à 20 minutes de marche, autant dire que certains qui avait mal estimé leur temps de trajet courraient…
Mais le trajet entre le centre ville et le parc olympique, certes long, n’était pas le pire. J’ai fait 3 fois le chemin entre le parc olympique et le stade olympique et là ça relevait clairement du supplice. Il fallait d’abord rejoindre un arrêt de bus encore plus loin que celui où on nous avait déposé le matin depuis le métro. Il fallait ensuite attendre un bus beaucoup moins fréquent que la navette entre le parc olympique et la nouvelle ligne de métro. L’étape d’après consistait à se faire une place dans ce bus car il n’arrivait pas vide comme ceux qui attendaient pour nous emmener au métro, et enfin le trajet durait le double de temps soit environ 40 minutes. Et quand il vous déposait à la station de train, il fallait encore descendre des escaliers, remonter des rampes en serpentins pour arriver dans la gare et croiser les doigts pour avoir un train rapidement. La première fois je lai attendu 20 minutes et raté les demi finales du 100 mètres. Je m’étais déjà fait une raison vu le temps qu’avait mis le bus juste avant. Mais quand je suis arrivé sur le quai, certains attendaient depuis plusieurs minutes déjà et eux n’avaient pas encore faire le deuil des demi finales ce qui les a un peu mis sur les nerfs… 15 minutes de train plus tard, on arrivait enfin au stade olympique et franchement pas de quoi s’émerveiller. C’est peut être m’a plus grosse déception de ces JO.

Normalement l’Athlétisme est le sport roi des JO. Au stade olympique a normalement lieu les cérémonies d’ouverture et de clôture et surtout, il est censé être l’écrin où brûle la flamme olympique. A Londres il était au cœur du parc olympique. A Rio, il était seul, dans un quartier dont les alentours ne donnaient pas envie de se balader. Aucun restaurant, pas de bar, pas d’échoppes. Autant dire qu’en sortant de la gare, on rentrait directement dans le stade. Une fois à l’intérieur, pas de flamme olympique et des tribunes clairsemées excepté peut être le jour de la finale du 100 mètres. Le bon côté est qu’on peut facilement changer de place si on est pas content de la sienne. Le mauvais côté, ambiance assez morne excepté quand Usain Bolt était là. On se serait cru à un meeting de province plus qu’aux jeux olympiques et la distance avec tous les autres lieux de compétitions dans Rio n’arrangeait rien. Les charmes du parc olympique sont qu’en se baladant, on entend les cris et les applaudissements juste en passant à côté des salles. A côté du stade olympique, je ne sais même pas si il y avait des riverains qui en profitaient. Bref ça n’a pas été l’endroit que j’ai préféré durant ces JO…
Pour repartir par contre c’était déjà un peu plus rapide à condition biensur de ne pas devoir retourner au parc olympique. Des trains direct pour la gare centrale d’où on attrapait un métro pour rejoindre Copacabana. Mais celui ci prenait encore pas loin d’une heure et avec des sessions qui se terminaient allègrement après 23h, il était rare de se coucher avant minuit une heure de matin. En sachant que le lendemain les épreuves reprenaient vers 9h, avec le temps de trajet que vous connaissez maintenant pour s’y rendre, vous pouvez estimer le nombre d’heures de sommeil moyen du spectateur aux JO! Qui a dit que le spectateur olympique n’est pas sportif?!

Oublié le temps passé dans les transports et aux contrôles de sécurité, une fois installé à sa place, on pouvait enfin profité de l’ambiance des jeux et des exploits des sportifs. Bon parfois il fallait un peu de courage également pour la trouver. Je me suis retrouvé avec un siège dans la section 215, Rang B siège 5. Seulement voilà, pas de siège 5 rang B. Il y en avait un mais rang C. Par acquis de conscience, je suis allé voir un volontaire. L’anglais n’étant pas son fort, je suis allé en voir une autre qui m’a dirigé vers un troisième qui s’est décidé à venir constater le problème par lui même et qui manifestement ne comprenait pas mieux l’organisation de la salle. Ne trouvant pas ma place, il m’a carrément laissé en plan se mettant à marmonner en portugais…sympa. Finalement, sa culpabilité l’a poussé à revenir m’aider et me faire comprendre que je devais m’asseoir où je pouvais. Et comme la salle n’était pas pleine, j’ai carrément changé de tribune…
Bien sur, des salles qui sonnent creux, c’est plutôt dommage. Une demi finale du tournoi de basket féminin avec une salle à moitié vide, c’est plutôt digne d’un match de tour préliminaire. Mais je ne crois pas qu’on puisse mettre ça à l’actif d’un manque de passion des brésiliens pour l’événement même si de nombreux sports olympiques sont totalement méconnus d’eux. C’est surtout le prix des places exorbitants rapportés à leur niveau de vie qui les a refroidit. Et quitte à dépenser pas mal de sous pour un billet, ils préfèrent le faire pour des matchs où ils pourront supporter le Brésil. Je n’ai d’ailleurs eu aucun mal à revendre un billet pour un match de volley les concernant.

Et puis clairement, si on avait pas fait peur aux touristes avec l’insécurité et Zika probablement qu’il y aurait eu encore moins de places vides dans les stades. D’ailleurs parlons en de Zika. Cela fait maintenant deux semaines que je suis arrivé à Rio et je n’ai aperçu que 3 moustiques qui cherchait désespérément une victime qui ne s’était pas imbibé d’anti moustique et je crois qu’ils n’ont jamais trouvé… Le premier, j’étais confortablement assis dans la navette entre le métro et le parc olympique, la tête appuyé sur le carreau finissant ma nuit quand je l’ai vu me passer devant le nez. Grosse panique, cette petite chose est peut être porteuse de tout un tas de virus dont je n’ai pas envie de faire la connaissance. Mon réflexe a été d’essayé de l’exploser contre la vitre mais somnolent, je l’ai manqué. Il a continué à se cogner contre la vitre en remontant vers l’avant du bus, sans jamais s’attaquer à un passager. A mon avis, ça sentait tellement l’anti moustique dans le bus qu’il espérait la même chose que nous tous, arriver le plus vite possible à destination et que les portes s’ouvrent pour sortir.
Le second je l’ai vu dans le métro et à mon avis il a souffert des mêmes maux, difficile de trouver un bout de peau non imbibée pour s’y poser. Le troisième je l’ai noyé dans un lavabo du parc olympique, il paraissait déjà mal en point, j’ai abrégé ses souffrances. Moralité il y avait autant de chances de se faire piquer par un moustique durant les JO que de passer moins d’une heure dans les transports pour s’y rendre, et pourtant c’était là qu’on avait le plus de chances d’en croiser.

Bon et l’ambiance me direz vous? Je ne reviendrez pas sur l’ambiance au stade olympique plutôt glauque à mon gout mais pour le reste,je l’ai trouvé plutôt bonne quoi qu’on dise sur le manque de fair play des brésiliens. J’en suis à mes troisièmes JO en tant que spectateur et à chaque fois j’ai pu constater le chauvinisme pour les athlètes locaux. Que le public brésilien s’enflamme pour les siens et se désintéressent des autres, cela ne m’a pas vraiment choqué. Qu’il se mette à siffler, à huer et invoquer le mauvais sort contre les adversaires de ses héros, j’avoue la première fois, ça m’a fait bizarre. C’était au concours de saut à la perche, le fameux qui a fait couler tant d’encre. Au début, les brésiliens ne suivaient pas vraiment le concours mais ont commencé à s’y intéresser quand il ne restait plus que 4 concurrents et donc à une élimination de la médaille assurée pour leur protégé. Et en effet, là où normalement on tape des mains, on encourage ou on se tait pour tous les concurrents, il se sont mis à siffler. Surement très perturbant pour les athlètes. Mais j’ai envie de dire, c’est le jeu ma pauvre Lucette. A partir du moment où ils ne jetaient rien sur la piste, oui ce n’est pas habituel mais à chaque peuple sa culture du sport et ici on siffle l’adversaire. Ils ont juste fait ce qu’ils apprennent depuis leur plus jeune âge. Etant français, j’étais dans le camp des vaincus et pourtant je n’en voulais même pas à mes voisins brésiliens. Au contraire leur joie faisait plaisir à voir. Sifflets ou pas, je ne suis pas sûr que Lavilennie aurait de toute façon passé la barre qui lui a fait défaut et il aurait mieux fait de faire comme l’américain contre mauvaise fortune bon cœur et s’imprégner de cette ambiance si particulière et qu’effectivement on ne retrouve pas sous nos latitudes. Alors bien sur, il y a quand même quelques comportements assez étonnants. Durant un match de hand, un brésilien s’est mis à huer et à insulter (je ne parle pas portugais mais certains mots sont reconnaissables entre tous) les arbitres pour une décision défavorables aux hollandaises en pleine remontée fantastique face à la France lors de la demi finale. Cette homme n’avait à coup sûr aucune origine batave mais il avait pris fait et cause pour l’équipe des pays bas et comme dans un stade de foot avait envie de hurler « arbitre en…. « core une erreur ! Et il n’était pas le seul, la majorité de la salle et des brésiliens étaient devenus subitement supporters des oranges et c’était la bronca dès que les françaises avaient la balle, qui jouaient donc clairement à l’extérieur. Et puis il suffisait de changer de salle et de changer de sport pour un match de basket USA France et là la salle était entièrement derrière les bleues qui pourtant montrer un pâle visage. J’en ai déduis que les brésiliens qui venaient voir des matchs ou des sports où leurs compatriotes ne jouaient pas, se prenaient automatiquement d’affection pour le petit poucet ou celui qui était en retard au tableau d’affichage histoire d’avoir un peu de spectacle et de suspens jusqu’au bout. Et à la fin du match, malgré parfois quelques jurons, ils passaient à autre chose.
Evidemment, ce n’était jamais marrant pour l’équipe ou le sportif pris en grippe mais c’est ça la culture sportive du pays et ce n’est pas parce que les JO sont une institution centenaire avec un cahier des charges bien précis pour leur organisation que chaque public où ils ont lieu doit lui aussi suivre des règles bien précises dans la manière d’encourager les sportifs. Et puis probablement que si les brésiliens avaient plus souvent la chance d’assister à ce genre de grands événements sportifs, ils finiraient par acquérir une culture d’encouragements différentes selon les sports puisqu’à part le football et le volley, peu d’autres sports trouvent grâce à leurs yeux pour le moment.
Ce qui est sûr c’est qu’ils auront de quoi réviser pour retenir les différentes disciplines olympiques. En effet, comme mentionné plus haut le sponsor Bière des JO a eu la bonne idée de servir son breuvage dans des verres jaunes avec le logo d’une des disciplines olympiques. Autant dire que ces verres sont vite devenus collector et qu’ils s’échangent encore au même endroit que les Pin’s sur la promenade de Copacabana. Chaque fin de journée, il n’était pas rare de voir des supporters avec une pile de 10 ou 15 gobelets prendre la direction des navettes de bus. L’envie de finir la collection a même surement un peu pousser à la consommation et l’opération a été victime de son succès dans certaines enceintes qui se sont retrouvées à court du fameux verre jaune ce qui en général ne décourageait quand même pas les consommateurs…D’ailleurs comme pour beaucoup de choses durant ces JO, il fallait parfois prendre son mal en patience pour pouvoir s’acheter sa bière ou se restaurer. Il y avait la queue partout, dans les transports, à l’entrée des stades, aux stands de boissons ou de nourritures, aux pavillons des marques (il fallait attendre une demi heure à une heure pour pouvoir boire un coca gratuit dans une bouteille collector ou bien 1 heure pour pouvoir visiter l’ensemble de l’exposition SAMSUNG, et je ne parle pas des 2 heures pour le stand NISSAN…) et même pour entrer dépenser de l’argent au Mégastore Rio 2016 du parc olympique, il fallait parfois patienter de longues minutes. Entre transports, attente et exploits sportifs, les journées étaient courtes tout comme les nuits !

Fallait il donner les JO au Brésil? Clairement si le vote avait lieu aujourd’hui, ce n’est plus Rio qui serait choisi vu la crise économique politique et sanitaire mais il y a 9 ans, c’était probablement la bonne décision pour ce pays en pleine expansion. Evidemment quand on voit la pauvreté, on se dit que les millions dépensés pour les infrastructures sportives auraient été mieux utilisés ailleurs. Mais tout ce qui a été dépensé pour les transports va clairement améliorer la vie de tous les jours des Cariocas. Evidemment il aurait mieux valu que tout un tas de personne ne détourne pas une partie de l’argent au passage. Mais les résultats sont là. De nouvelles routes, de nouvelles lignes de bus rapides, un nouveau Metro. Je ne connaissais pas Rio avant mais tout le monde est d’accord pour dire que les déplacements seront plus aisés maintenant.
Les JO de Rio étaient surement éloignés des standards de qualité et d’organisation des JO de Londres par exemple, mais est ce qu’on a envie que ce soit toujours organisé de la même façon et complètement aseptisés? J’ai en tout cas trouvé plus typiques les JO de Rio que ceux d’hiver de Sochi en 2014 complètement déconnectés de la réalité. Je pense que les supporters sud américains ont aussi le droit de goûter à l’esprit olympique de temps en temps. Certes beaucoup de billets étaient trop chers pour beaucoup de gens mais sans un billet d’avion à payer pour l’Europe ou l’Amérique du Nord, les JO sont devenus accessibles pour un certain nombre. Certaines épreuves se passaient en ville et donc n’importe qui pouvaient en profiter et il était donc facile de suivre les régates au Lagoa stadium sans payer un billet. C’était les premiers jeux olympiques organisés en Amérique du Sud, pour une première ce n’était pas si mal, et si on ne les avait pas dénigrés en faisant peur aux gens qui ont l’habitude de traverser des océans pour assister à cette grande messe tous les 4 ans, il y aurait peut être eu encore plus de visiteurs et moins de sièges vides dans les salles.
Je me rappelle encore des communiqués alarmant concernant une éventuelle pandémie du virus Zika si on maintenait les JO alors qu’on est en plein hiver ici et dans la période la moins favorable aux moustiques. La Dengue existait déjà il y a 9ans quand les JO ont été attribués à Rio et personne ne s’était alors inquiété des risques sanitaires. Et personne ne déconseille aux simples touristes de continuer à venir visiter le Brésil. Il faut juste prendre les mesures de précaution adéquates. De là à présenter les JO comme un barbecue géant pour les moustiques, c’était clairement exagéré.

La violence dans les favelas et les petits larcins ont toujours existé à Rio. Ils n’intéressaient pas les médias jusqu’à quelques semaines du début des JO. Combien de personnes cela a découragé? On ne le saura probablement jamais mais a priori je n’ai rencontré personne étant venu pour les JO et le regrettant. En suivant les règles élémentaires de sécurité en voyage dans ce genre de pays et avec le surplus d’agents de sécurité pour l’événement, je ne me suis jamais senti en insécurité. Je n’ai pas lu la presse étrangère concernant l’organisation de l’Euro 2016 en France. Mais pour l’avoir vécu de l’intérieur en tant que volontaire, tout était loin d’être parfait et il y avait de quoi là aussi critiquer en matière de transports (merci les grèves entre autres), de sécurité (les fouilles loin d’être efficaces) et d’organisation (demandez aux gens s’étant fait voler leurs sacs dans les consignes). Pourtant on a tous crié au succès de l’organisation à la fin de compétition. Eh bien les brésiliens ont raison de le faire eux aussi. Ils ont organisé les jeux à la sud américaine et non à l’européenne et ont réussi. Tout s’est bien déroulé, aucune tribune ne s’est écroulée, il n’y a pas eu d’incidents notables excepté un bassin dont l’eau est devenu verte. moralité il fallait faire les jeux à Rio et je suis ravi d’y avoir participé. Vivement les prochains à Tokyo au Japon qui seront surement encore bien différents culturellement. Peu de chance cette fois que le public dérange les athlètes eux dont les supporters de baseball ou de football encouragent leur équipe chacun à leur tour en respectant les chants adverses, ça aussi, ça risque de choquer en Europe…
