Quand on m’a proposé d’aller voir Demain au cinéma, j’avoue que j’aurais bien remis demain à plus tard. Sûrement encore un film culpabilisant sur le réchauffement climatique d’où on sort le moral à zéro. Notre belle planète est foutue. Je pense qu’on l’a tous bien compris.
Dans la chanson Mourir demain, Pascal Obispo et Natasha St Pier s’interrogeaient sur ce qu’ils feraient en sachant leur fin proche. Je ne me souviens d’aucun couplet émettant l’idée de s’enfermer dans une salle obscure pour ressasser les idées noires qui nous ont conduit dans cette impasse. J’ai traîné des pieds mais je suis finalement allé voir Demain hier.
Le cinéma s’appelle Nord Sud très à propos pour traiter de ce sujet. La salle est surchauffée. Je ne parle pas du public qui lui est plutôt clairsemé après plusieurs mois d’exploitation pour ce film sorti fin décembre 2015, mais bien du chauffage poussé à fond pour nous faire encore plus ressentir le réchauffement climatique. Je m’installe donc confortablement dans mon fauteuil prêt à affronter les reproches et à m’horrifier en évaluant mon bilan carbone.
Premier constat, il est impossible de faire un film traitant des problèmes de notre planète sans la parcourir en avion. Voilà qui me déculpabilise un peu de mes nombreux voyages…
Passé cette réflexion, je suis avec plaisir cette bande de pote qui part caméra à l’épaule à la recherche du graal écologique. Comment sortir du cercle infernal dans laquelle notre société est entrée et qui nous mène tout droit à notre perte. Car passé un bref rappel des catastrophes naturelles qui nous attendent toujours plus nombreuses et violentes en raison de l’activité humaine qui dérègle le climat, ce film se montre avant tout optimiste et nous présente des solutions déjà existantes pour contrer ou vivre avec les changements climatiques.
Après plusieurs minutes de film, j’ai déjà envie de quitter la salle. Pas que je m’ennuie, bien au contraire, mais toutes ces expériences alternatives d’agriculture me donnent envie de rentrer tout de suite chez moi cultiver des tomates sur mon balcon en récupérant l’eau de pluie pour les arroser. Mon âme de jardinier attendra. Je préfère d’abord me cultiver en continuant de visionner ce film vraiment passionnant et plein d’espoir puisque après le chapitre agriculture, quatre autres tout aussi intéressants nous attendent tels l’énergie ou l’éducation pour finir même si c’est par elle que tout commence. Ces cinq chapitres présentent toutes les solutions qui sont déjà mis en œuvre pour vivre en harmonie avec notre planète et s’adapter à son évolution déjà quasi irréversible.
Dans toutes les grandes conférences sur le climat, on nous parle de réduire nos émissions de gaz à effets de serre dans une certaine proportion et à un certain horizon mais on ne nous dit pas que partout dans le monde, des centaines de gens agissent déjà concrètement pour améliorer la vie de tous les jours et préparer la planète aux changements qui s’opèrent à vitesse grand V. Heureusement que certaines personnes n’attendent pas que nos chers dirigeants dirigent pour prendre la bonne direction. D’ailleurs, en regardant ce film documentaire, on comprend que toutes les décisions prisent dans les hautes sphères le sont plus dans un objectif de réélection ou de profits que dans l’objectif du bien commun. Alors des gens comme vous et moi, un petit peu partout dans le monde n’attendent pas que les gouvernements prennent les bonnes décisions. Ils mettent en place de nouveaux systèmes qui révolutionnent la vie de leurs concitoyens au niveau alimentaire, économique ou politique.
Dans une ville en faillite comme Détroit aux Etats-Unis où le capitaliste a créé le chaos, les parcelles libérées par la disparition des grattes ciel sont de formidables opportunités pour créer des espaces verts et des fermes coopératives. Comme on dit la nature reprend ses droits.
En France, une entreprise n’a en tête que le profit écologique et l’économique n’est que l’outil à son service. Un peu comme une épreuve d’un concours culinaire où le candidat doit réaliser un plat sans rien jeter, cette entreprise fonctionne en quasi vase clos en utilisant l’énergie générée par les déchets qu’elle produit dans le cadre de son activité pour alimenter et poursuivre celle-ci.
En Inde, le maire d’une petite ville a créé un mode révolutionnaire de gestion et d’administration qu’il essaie maintenant de répandre aux villages alentours et tout fonctionne merveilleusement bien sans suivre les schémas habituels où les calculs électoraux ont souvent plus d’importance que le bien être de la communauté.
Ces trois cas ne sont que quelques exemples d’actions ou d’idées développés dans Demain et tout parait tellement évident qu’on se demande pourquoi elles ne sont pas mises en œuvre dès maintenant et partout.
Je suis ressorti du cinéma le cœur léger en me disant que, finalement, le réchauffement de la planète n’est pas une fatalité mais une opportunité extraordinaire pour réinventer notre mode de vie en replaçant l’humain et la nature au centre des priorités et en mettant de côté les rêves de profit et de pouvoir. Dis comme ça, cela parait un peu utopique mais vu ce que le futur nous réserve, il n’y aura de toute façon bientôt plus d’autres solutions, la nature se fichant pas mal de la couleur politique des gouvernements et des intérêts économiques des multinationales…
En regardant les solutions du futur présentées dans Demain, je n’ai pas vu le temps passer.
Je vous conseille donc de ne pas attendre et de foncer dès aujourd’hui voir Demain, le futur n’attend pas !
Libre et rebelle 