
Hier, mon vol pour Toronto a été retardé d’une demi heure pour cause de vent fort. Je n’ai pas poussé une soufflante pour autant vu que j’étais sur Air Canada et non sur Air France, question de confiance. Et en arrivant dans la capitale de l’Ontario, j’ai compris que ce n’était pas une fausse excuse pour cacher un pseudo problème technique, il y avait vraiment du vent et j’étais bien content quand l’avion a enfin touché le sol.

Mais l’avantage du vent c’est que ça chasse les nuages et aujourd’hui grand ciel bleu même si les températures sont en dessous de zéro. Journée idéale pour retourner aux chutes du Niagara et voir si les impressions négatives que j’ai gardé d’un précédent voyage il y a 8 ans se confirment.
Mais cette fois, je ne suis pas en voyage organisé, je prends donc une ligne régulière de bus qui me dépose à la gare routière qui se trouve être dans le centre de la ville de Niagara Falls. Il est presque 9 heures, je ne croise pas âme qui vive. Les bâtiments ont l’air abandonnés, bref ça ne fait pas rêver. Je presse donc le pas pour combler les 20-25 minutes de marche qui me séparent des chutes du Niagara en longeant des gorges qui elles séparent le Canada des Etats Unis. Il y a d’ailleurs un panneau indiquant « Bridge to the USA ». Une fois passé ce pont, je me prends pour Bruce Springsteen en chantant « Close to the USA, I was…Close to the USA ». Mais n’ayant pas mon ESTA (visa électronique) à jour, je ne prends pas le chemin piéton qui permet d’aller voir les chutes côté américain. Je me contenterai du côté canadien qui est déjà largement suffisant pour apprécier le spectacle de la nature en essayant de faire abstraction du spectacle affligeant de la nature humaine.
Je continue ma balade en me rapprochant des chutes canadiennes, les plus célèbres et les plus impressionnantes tout en admirant au passage les chutes américaines. Il faut en profiter avant que le mur promis par Donald Trump soit érigé tout autour des USA.

Mais qui dit plan d’eau dit présence en masse de piafs crieurs, les mouettes. Et là je regrette de ne pas avoir le poncho offert à tout participant aux croisières du Maid of the Mist le célèbre bateau emmenant les touristes au pied des chutes. Il m’aurait été bien utile pour me protéger des bombes puantes nom de code les fiantes qu’elles se font un plaisir de larguer sur les touristes. Je l’ai échappé belle deux fois. Heureusement sinon j’aurais été emmerdé, pas d’affaires de rechange et un bus à reprendre en début d’après midi.
Je ne ferais pas la croisière aujourd’hui, pas envie de re-supporter l’ambiance Disneyland. On s’attendrait presque à voir surgir la reine des glaces à travers les chutes ou à croiser la petite sirène sur un des rochers. De toute façon, ça a l’air fermé. Le bâtiment est en travaux. Un panneau annonce une nouvelle attraction pour la nouvelle saison qui arrive. Selon le dessin, a priori des gens vont voler au dessus ou pas loin des chutes. Une chose est sûre, ils vont surement se faire voler en payant un tarif prohibitif pour une attraction qui n’a rien à voir avec la beauté naturelle (et gratuite) de ces chutes. Car oui elles sont quand même magnifiques à voir malgré l’écrin low cost que l’homme lui a concocté autour. Des casinos, une grande roue, un parc d’attraction avec des dinosaures géants, King Kong en haut d’un empire state building en carton pâte, un golf fantôme, j’en passe et des meilleures.Il y a aussi des cinémas 3D, 4D et même 6D (si, si, je vous assure, j’ai la photo si vous voulez) qui vous promettent de voir les chutes comme vous ne les avez jamais vu. Mouais je préfère quand même la RéaliD juste à côté…

La rue Clifton Hill où sont concentrées la plupart de ces attractions a été surnommée la rue des horreurs, ça veut tout dire. Alors on aime ou on aime pas. Quand on a des enfants à occuper, j’imagine qu’on apprécie. Perso je ne m’attends pas à trouver une fête foraine ou des casinos à coté de chutes d’eau impressionnantes, ça ne coule pas de source et on touche plutôt le fond. J’aurais plutôt imaginé des spas ou des Thalasso histoire de rester dans le thème…
Mais revenons à nos chutes. Par contre tout est fait pour que l’on puisse les observer sous tous les angles. De côté avec la promenade le long des gorges, devant avec la croisière en bateau, derrière avec des tunnels creusés dans la roche, de haut avec la Skylon tower mais pas en dessous parce qu’avec un débit de 2800 m3 à la seconde, bonjour la migraine… .

Je teste donc l’attraction « Behind the Fall » et la Skylon tower qui jouait au bilboquet avec la lune quand je suis arrivé ce matin. La première consiste en un ascenseur qui vous emmène au niveau inférieur des chutes et donc derrière. Mais avant on vous fait poser devant un écran vert en espérant vous vendre une photo magouillée avec Paint Shop Pro à la sortie. A l’époque des perches à selfies, ça sent la fin pour ce genre de business mais ça a l’air d’avoir pas mal de succès en Amérique du nord. Je décline poliment. La jeune fille me demande alors si je veux aller directement à l’ascenseur pour voir les chutes. Ben oui je suis là pour ça en fait… . Dans l’ascenseur quelqu’un est payé pour appuyer sur le bouton et faire une ou deux blagues du genre, faudrait pas qu’il tombe en panne. Pas le temps de faire semblant de sourire, on est déjà arrivé, ouf. Je résiste à l’envie de jeter notre responsable d’ascenseur dans les chutes et vais gentiment faire mon touriste dans ces tunnels tristes et surtout froids avec l’humidité et le vent provoquer par les chutes. Une avancée permet d’admirer leur débit sans trop se faire mouiller et deux percées derrière les chutes permettent de sentir le débit en se faisant éclabousser. Le grondement qui résonne dans les tunnels est impressionnant. Le prospectus parlait d’une visite durant 30 à 40 minutes, vu que je n’avais pas emmené mon sodoku, je suis ressorti au bout de 20 en ayant quand même bien profité du spectacle.
Direction ensuite la tour Skylon où ça ne se bouscule pas au portillon. Nous ne sommes pas vraiment en haute saison touristique, la moitié des magasins est fermée. J’achète mon billet, me présente dans la file et essaie encore d’échapper au supplice du sourire forcé devant un écran vert. Mais là, le garçon a été intransigeant, non, ça fait partie de l’expérience, il faut le faire…ah bon, si c’est obligé alors, perso je venais pour admirer une vue par pour vivre une expérience, on se croirait dans une émission de télé-réalité…
Pour se venger la photographe m’a fait donc sourire, puis lever un bras, puis lever les deux tout en faisant une tête de clown. Le gars m’aurait pas laissé monté sinon, j’ai pas eu le choix. J’espère au moins qu’ils garderont la photo pour leurs archives. Sachant que l’histoire se répète à chaque attraction en Amérique du Nord et vu qu’on passe toujours une heure à attendre avant d’obtenir son visa à l’aéroport. Je propose qu’ils nous prennent aussi en photo devant un écran vert à ce moment là, photo qui serait instantanément transmise à toutes les attractions du continent. Comme ça on aurait notre photo souvenir en arrivant à l’attraction, gain de temps et rentabilité augmentée. Si quelqu’un me pique mon idée, je vous prends tous à témoin que je l’ai eu le premier…
Me voici donc tout seul dans l’ascenseur avec la préposée au bouton unique pour l’étage de l’observatoire assise sur un petit tabouret. A vue d’œil, elle doit avoir au moins le même âge que les installations. La tour Skylon a fêté ses 50 ans l’année dernière. A peine les portes se sont refermées qu’elle débite son discours comme un vieux magnétophone sur la taille de la tour, la vitesse de l’ascenseur, etc . Pas de blague sur une éventuelle panne de l’ascenseur. Heureusement, là, ça ne m’aurait pas fait rire. Les portes s’ouvrent, libération, et surtout admiration du panorama! Elles sont encore plus belles vu du dessus. ça valait bien la torture de la photo et pour me venger je mitraille sous tous les angles avec mon propre appareil photo cette fois.

Après avoir déjeuné en admirant une dernière fois les chutes, je reprends le chemin de la gare routière. Je croise quelques personnes cette fois. Je fais un petit détour par rapport à ce matin en passant devant la rue principale de Niagara Falls. Toujours pas un chat, je ne sais même pas si les restaurants ou les magasins sont ouverts, je ne vois aucune activité. On se croirait dimanche, et encore, au Canada, les magasins sont pour la plupart ouverts le dimanche. A tout moment je m’attends à voir rouler des petites boules d’herbes comme dans les westerns. Moralité, je ne suis pas mécontent de remonter dans le bus pour Toronto mais malgré tout ravi d’avoir revu les chutes. Dommage que les alentours ne donnent franchement pas envie de rester plus longtemps sauf d’aimer l’ambiance parc d’attractions et fête foraine.

Le ciel étant désespérément bleu, j’ai décidé de continuer la journée en grimpant en haut de la CN Tower. Le pitch est prometteur à l’entrée « Par ici pour le sommet du monde », l’Everest doit se retourner dans ses fondations quand il entend ça, même le mont blanc est rouge de colère et vert de rage!
Evidemment je n’échappe pas à la photo avant de monter dans l’ascenseur. L’avantage c’est que si un jour il y a un accident, les familles des victimes auront le dernier sourire de leurs proches sur papier glacé. Et évidemment cette tour est la plus quelquechose au monde. Selon le Guiness book ce serait la plus haute tour. Faudrait que le Guiness (qui a un musée à Niagara Falls) aille faire un tour du côté de Dubai. D’ailleurs en redescendant, le responsable du bouton (eh oui encore…) s’est mis à discuté avec une fille venant de l’émirat et lui a dit qu’elle devait trouver cette tour pas si impressionnante, ça veut tout dire…
Allez, j’appuie moi même sur le bouton de l’ascenseur pour rejoindre l’étage de ma chambre et j’espère que je vais passer la meilleure nuit au monde grâce aux chouettes rêves que je vais faire sur l’écran vert de mon imagination.
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