Bye bye Vancouver, Downtown, Gastown, Chinatown, Homeless town…et bonjour les rocheuses canadiennes ! Mais avant, 15 heures de bus à avaler. Je dois avouer que le menu est finalement plutôt digeste même si les bus n’ont rien de particulier pour un si long trajet exceptés une connexion wifi (utile), des prises de courants (utiles aussi pour avoir un appareil encore en état d’utiliser le wifi) et de l’espace pour les jambes (vital!).

Au départ de Vancouver à 6h30, le bus n’est même pas à moitié rempli. il ne fait pas encore jour, on peut s’étaler, idéal pour poursuivre sa nuit. Mais après une heure et demi et la première pause à Chilliwack, ville qui ne manque pas de piment, le bus affiche complet. On assiste alors à une nouvelle version de Tournez Manège. Les nouveaux entrants choisissant avec qui ils vont partager les prochaines heures. Avec ma chance légendaire, je me suis retrouvé avec le pire voisin du bus. Il a embarqué avec une odeur mélangée de tabac et d’alcool des plus désagréable sans parler de ses reniflements à intervalles réguliers. L’avantage c’est que je n’ai pas eu à faire la conversation, d’abord parce qu’il a passé la première heure au téléphone et ensuite parce que l’alcool l’a achevé et il s’est endormi. Pendant ce temps là les couples se sont formés naturellement par tranche d’âge. Sur les sièges derrière moi, des diplômés de 1974 et 1976. C’est comme ça qu’on se présente en Amérique du Nord, Université et Année de Diplôme, ça situe tout de suite le personnage plus que le lieu et l’année de naissance. Devant moi, des gens trop âgés pour se rappeler de leurs années de fac, ils ont donc tout de suite enchaînés sur le sujet des enfants et petits enfants et ça les a occupé jusqu’à la grande pause de midi à Kamloops où il ne faut mieux pas se loupé pour remonter dans le bon bus.

Entre temps, on a continué à traverser la Colombie Britannique, affronter la pluie, une tempête de neige en haut d’un col et l’ennui en passant à Merritt. Parce qu’il en faut pour arriver jusqu’ici. Cette ville est perdu au milieu d’une grande plaine aride où on ne serait pas surpris de voir débouler un troupeau de bisons poursuivi pour une horde d’indiens. Au lieu de ça, quelques bâtiments clairsemés entourés de collines chauves avec par ci par là quelques touffes d’herbes brûlées par la neige qui devait recouvrir les environs il y a encore quelques semaines. Le ciel gris donnant à tout ça des envies de se pendre. Heureusement la pause ne durait que 10 minutes dans cette ville, trop court pour trouver un arbre où accrocher la corde.

A Kamloops, le bus s’est vidé de moitié à nouveau et j’étais plutôt satisfait de ne pas retrouver mon voisin du matin. Je me préparais à une après midi de routine tranquille quand j’ai vu embarqué la femme dans le hall d’attente qui avait oublié de mettre sa conversation téléphonique sur mute. En fait, c’est une personne qui ne connait pas ce que le mot discrétion veut dire mais pas méchante dans le fonds. Toujours un petit mot gentil pour tout le monde même pour ceux qui s’en contrefiche. Et là je me suis dit, ça y est, c’est encore pour moi…eh bien non! Elle a hésité mais elle s’est assise sur le siège en face faisant un autre malheureux…tout de suite elle a essayé de briser la glace en parlant à son voisin de ses origines indiennes. Lui n’avait manifestement pas vraiment envie de taper la discute. Pas grave, elle fait la conversation pour deux. Mais après quelques minutes, elle a quand même jeté l’éponge cherchant une nouvelle victime dans le bus. J’avais mon casque audio, j’étais perché, elle ne pouvait pas m’atteindre. Seulement voilà, j’ai eu le malheur de les enlever 30 secondes et elle a aussitôt saisi l’occasion pour me demander si j’étais content de mon PC. Je lui ai répondu non ce qui l’a plutôt surprise en fait. Elle a donc enchaîné sur le fait qu’elle avait des problèmes avec le sien et qu’elle ne savait pas trop quoi faire. N’étant pas revendeur en informatique, méchant que je suis je l’ai laissé ramé et j’ai rebranché mon pare-feu, mes oreillettes. A l’arrêt suivant, une femme est montée est s’est assise à côté de moi ce qui a réglé le problème de l’occupation de notre amie puisqu’elle s’est mise à lui montré l’intégralité des photos et vidéos de son téléphone portable prononçant aussi souvent le mot girlfriend que boyfriend, pas réussi à déterminer si elle faisait oui ou non ménage à trois….

Elle est finalement descendu juste avant qu’on s’attaque à la vraie traversée des rocheuses canadiennes. Et cette fois, j’ai mal choisi le côté dans le bus. Il ne fallait pas être côté chauffeur pour être au plus près du spectacle même si ce que je voyais était déjà pas mal. Il n’y a pas à dire, même sous les nuages, elles ont de la gueule ces montagnes et ne ressemblent pas vraiment à nos chaines de montagne européennes. D’ailleurs ils ont réussi à caser dans la vallée d’immenses deux voies séparés par des terrains de foot où se croisent donc à bonne distance les fameux trucks américains. Pendant une bonne heure, je me suis pris pour une carie hésitant sur quelle dent elle allait élire domicile tant la chaîne de montagne que l’on a suivi ressemblait à une série d’incisives. L’histoire ne dit pas si il y en a une en or mais l’arrêt suivant s’appelait Golden. Pas de quoi tomber dans les pommes non plus mais on se rapproche déjà un peu plus des vraies stations de montagne. Bien qu’ici les stations de ski ne sont pas forcément aux pieds des pistes mais plutôt dans la vallée entourées de plusieurs montagnes où l’on peu s’adonner à la glisse.

Mais je découvrirai tout ça demain. J’arrive à 21h à Banff dans l’état de l’Alberta qui a la particularité de ne pas être sur le même fuseau horaire que sa collègue de gauche la Colombie Britanique. C’est la troisième fois que je change de fuseaux horaires par la route après la frontière hispano-portuguaise et celle argentino-chilienne mais c’est la première fois que ça m’arrive en ne changeant pas de pays. Et c’est donc en passant aux alentours du glacier Rogers qu’on a tous avancé nos montre d’une heure.