Bienvenue chez nos voisins canadiens…

texte1Pas encore de pancakes ou de sirop d’érable au petit déjeuner mais juste un verre de jus d’orange et un bol de céréales avant de sauter dans le bus pour l’aéroport. Encore une fois la veille du départ a été difficile, et encore une fois, j’en suis persuadé, on ne m’y reprendra plus. Ce sera mon dernier périple en solo. Dès les premier pas dans le terminal, la phase de spleen est terminée et je n’écris pas ça parce que l’hôtesse qui enregistre mon bagage est à tomber. Pour elle je ne fais pas le poids mais ma valise atteint quand même les 11kgs. Elle en fera probablement le double au retour et je ne compte pas la tonne de souvenirs qui va avec …Fort heureusement, ça n’entre pas dans la franchise bagage sinon bonjour le supplément à payer, mais les souvenirs, ça n’a pas de prix…

Et c’est parti pour 12h de vol depuis Francfort direction Vancouver sur la côte ouest du Canada. Un bon bouquin, quelques films, un petit somme et on est vite arrivé. Parfois, il arrive même qu’on soit déçus quand le vol touche à sa fin n’ayant pas eu le temps de regarder tous les bons films à disposition. On reste un peu sur sa faim. Bon j’avoue qu’avec mes grandes jambes, je suis quand même rarement déçu d’atterrir… et puis au pire il reste le vol retour pour les autres films !

Petit intermède, c’était mieux avant. Eh oui l’individualisme a aussi frappé dans les avions. Chacun est maintenant rivé sur son écran individuel et caché sous son casque audio aux couleurs de la compagnie. Il y a une vingtaine d’années, un vol long-courrier était organisé un peu comme une journée au club Med avec un programme d’animations à heure fixe qu’il ne fallait pas rater. Si vous dormiez au début de la séance cinéma, tant pis pour vous et mieux valait avoir une bonne place en face de l’écran pour bien profiter du spectacle à la façon d’un cinéma en plein air dans les airs.

Mais l’un de mes passe-temps favoris durant les vols, hormis admirer la planète vue d’en haut à la Arthus Bertrand, c’est observer mes compagnons de voyage et d’essayer de deviner pourquoi ils sont là, si ils partent ou si ils rentrent.

J’avoue aussi une faiblesse pour l’observation des hôtesses, vous me direz que je ne manque pas d’air, vous m’en voyez désolé. Mais ce jour-là sur le vol Genève NY de United Airlines…

Les compagnies aériennes américaines sont vieillissantes et en voyant l’équipage attendant pour embarquer, je me suis dit qu’il n’y avait pas que les compagnies et leur flotte. Mon activité favorite est donc tombée à l’eau. En voyant ces hôtesses j’ai eu envie de battre en retraite puisque justement elles allaient la prendre.  Une dernière fois elles allaient s’envoyer en l’air et leur grand nombre d’heures de vol au compteur se voyait. La compagnie n’avait pas fait les choses à moitié puisque c’était pour la quasi-totalité du personnel naviguant le dernier vol. J’avoue avoir espéré un instant que ce ne serait pas le dernier pour moi aussi , vous me direz, quoi de plus normal de vivre ses derniers instants dans une maison de retraite, mais je suis trop jeune pour mourir et j’aurais aimé que ce soit le cas aussi pour l’équipage (oh le méchant…). En cas de crash, je n’aurais même pas fait les gros titres des chaines d’information continue puisque j’aurais juste fait partie des passagers ayant accompagné 6 membres d’équipage pré-retraités dans leur dernier voyage.

Passée cette pensée maladroite, en pénétrant dans l’avion je me suis immergé de suite dans la culture américaine. Des ballons et des petits mots collés un peu partout dans la cabine pour remercier et souhaiter une bonne retraite. Durant le vol, tous les américains interpellaient les hôtesses pour échanger quelques mots et parler de leur vie post airs. Avant l’atterrissage on a eu droit à des discours du pilotes et des heureuses retraitées remplis d’émotion et de larmes, les applaudissements ont suivi, à se demander pour quelle série cet épisode était tourné.

Mais la plupart du temps, les membres d’équipage sont des figurants et ce sont les passagers l’attraction principale. Il n’y a souvent pas à chercher bien loin…

Comme devant moi sur ce vol de nuit en direction de Dubaï. En approchant de la forêt de gratte-ciel illuminés, évidemment j’ai dégainé mon appareil photo pour immortaliser la scène. Je n’ai pas été le seul puisque un autre appareil est apparu sur le hublot juste à côté aussitôt suivi d’un grand flash puis d’un second. La propriétaire de l’appareil photo, une étudiante partant pour l’Australie, n’arrivait pas à annuler le déclenchement automatique du flash. Elle m’a donc demandé de lui expliqué le fonctionnement de son appareil flambant neuf mais malgré mon aide elle n’a pas flashé sur moi et nos chemins se sont séparés dans l’immense terminal de l’Emirat.

Quand on part pour un vol de plus de 10h en classe économique, on croise toujours les doigts pour n’avoir personne à côté de soi pour pouvoir décroiser les jambes à volonté. Pour ce vol retour depuis Santiago du Chili, j’y ai longtemps cru. Tous les passagers étaient installés, l’embarquement pour ainsi dire terminé jusqu’à ce qu’un homme, la quarantaine,  débarque mettant fin à mes espoirs de confort première classe en économie. Mais il n’est pas arrivé seul puisqu’un léger fumet alcoolisé le suivait également et s’est arrêté pile sur le siège à côté de moi. J’ai donc tout de suite compris qu’il a attendu le dernier moment pour monter dans l’avion histoire de descendre quelques verres supplémentaires. Il cherchait à oublier et il avait besoin d’en parler. Il me raconta donc son amour du Chili, mais pas seulement puisqu’il laissait femme et peut être enfant ici. Pour pouvoir vivre 6 mois de l’année au Chili il devait passer le reste de l’année en Suisse pour renflouer les caisses. Evidemment cette perspective ne l’enthousiasmait guère et il continua à enchaîner les verres ce qui lui valut d’être rapidement sur la liste de noire des hôtesses. L’alcool aidant il en oublia qu’on ne pouvait pas passer de coup de fil avec son portable dans l’avion, il ne fut d’ailleurs vite plus joignable puisqu’il sombra dans un profond sommeil pour le reste du voyage.

Il y a aussi les voisins à qui on ne parle pas du voyage et qui voyant le sol se rapprocher, se sentant seul, veulent soudainement engager la conversation. Ce fut le cas en arrivant à Houston au Texas. J’étais le nez collé au hublot comme souvent et je sentais derrière moi que ça s’agitait. Mon voisin, jusqu’alors plutôt froid et distant, mourrait d’envie de communiquer. Et moi je mourrais d’envie de ne pas avoir à tester l’accent du coin avant d’avoir posé le pied sur le plancher des taureaux texans. Un moment de faiblesse, je croise un centième de seconde son regard et il attrape mon attention au lasso. Je n’ai pas résisté longtemps à l’assaut et j’ai donc dû l’écouter et essayer de déchiffrer ce qu’il disait. A priori on pouvait presque apercevoir sa maison ou son ranch depuis l’avion prétexte qu’il utilisa pour me vanter les mérites de son Texas d’où sa famille est originaire depuis des générations. Mais surtout il vanta les mérites de l’économie texane et en profita pour balancer sur Barack Obama qui selon lui ne la cassait pas en tant que président. J’ai évité de lui dire qu’il me plaisait bien au contraire comparé au cowboy précédent. Je ne lui ai pas demandé sa carté d’adhérent mais peu de doutes sur ses orientations politiques et vu son objectivité, le débat n’aurait pas été possible surtout dans une langue que je ne maîtrise pas. Il a vu que je n’accrochais pas trop à son discours. Il m’a donc laissé continuer à photographier tranquille son cher Texas avant l’atterrissage.

Et puis parfois il y a le voisin à qui on ne parle pas mais à qui tout le monde parle…Messieurs j’ai découvert la technique de drague la plus efficace en avion. Sortez un livre façon dictionnaire avec plein de schéma d’anatomie avec marqué en gros médecine et là vous attirez le regard et l’intérêt de tout le monde. Je ne sais pas si le jeune homme a réussi à réviser un minimum mais en tout cas il a fait un tabac chez les passagers mais aussi chez les hôtesses. Et plus particulièrement une qui est revenu régulièrement discuter avec lui, lui donnant même ses coordonnées avant l’atterrissage. Inutile de dire que j’étais un peu jaloux…

N’ayant pas suffisamment de place dans mon sac à dos pour une bible de la médecine pour guérir les maux, j’ai joué la carte des mots et de mon clavier pour occuper ce vol à direction de Vancouver…

Prenant la direction de la partie anglophone du pays à la feuille d’érable, j’en ai oublié que le pays était bilingue. Le douanier roux mais pas sot à l’aéroport de Francfort lui s’en souvenait me souhaitant de « bonnes vacances » en français de sa bouche. Rebelote au contrôle de la carte d’embarquement avec un accueil dans la langue de Molière. Il faudra a priori que je patiente encore un peu to speak english.

Reste donc à savoir à quelle sauce je vais être installé dans l’avion. Malgré la nature germanique de la compagnie (Lufthansa) on est loin d’être serrés comme des saucisses. Il y a de l’espace pour les jambes et encore plus si vous arrivez à réserver une des places à côté des issues de secours. Pour se faire deux solutions.Soit vous y prendre à l’avance est payer un supplément. Soit espérer pour qu’il n’y ait que des routard au budget serré dans l’avion et que les places soit disponibles gratuitement quand l’enregistrement ouvre 23 heures avant le décollage (pourquoi pas 24? ça reste un mystère que seul Jack Bauer pourrait éclaircir). L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt c’est bien connu et qui surtout on a un vol en correspondance précédant le long courrier ce qui leur permet d’avoir une longue heure d’avance à l’aventure du check in online (voire plus selon la durée du premier vol).

J’ai eu cette chance et me voilà donc avec un grand espace libre rien que pour moi et mes jambes, et malheureusement aussi parfois à partager avec les gens qui attendent que les toilettes se libèrent. Autre petit inconvénient, ne pas pouvoir garder ses affaires avec soi durant le décollage ce qui est atténué par le plaisir de s’envoler en tête à tête avec l’hôtesse dont le siège temporaire est juste en face. Sauf qu’aujourd’hui l’hôtesse était un steward, dommage…

J’ai compensé ce petit aléa par ma charmante voisine. Avant de rejoindre Morphée (le veinard…) pour une bonne partie du vol, nous avons eu le temps de faire un peu connaissance en français avec son accent britanico-canadien. Ce qui donne par exemple Hockey = Hocki avec l’accent. Marie-Hélène est originaire de la banlieue de Vancouver et en bonne canadienne est fan de hockey et donc des Canucks qui jouent justement ce soir. Elle s’y rendra évidemment après un mois d’abstinence hockeyïste dû à un road trip en Europe avec son fiancé (mon coeur s’est brisé…). Ceci a donné lieu au dialogue déroutant suivant…

Elle me regarde et m’interroge « Ce soir Hocki (toujours avec l’accent, voir plus haut) ». N’étant pas sur d’avoir bien compris ou plutôt espérant, je lui réponds « Hockey? ». Elle insiste « Ok pour le Hockey? » et je conclus « Oki pour le hockey ».

Et c’est ainsi que me voilà parti moi et mon jet lag au match des Canucks voir des joueurs s’en prendre plein la poire tout en espérant revoir la belle Marie-Hélène. Mais ça ce sera une autre histoire….

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