
Digne…c’est mon second prénom… Et pourtant, je vous assure que c’est dur, vraiment mais j’y travaille, j’essaie de garder toujours un peu de tenue. Personnelle. Morale. Intellectuelle. Je n’ai pas la prétention d’être plus admirable que ça, ni une superwoman mais voilà, il arrive que je me dépasse, que j’agisse avec une dignité que je ne me serais jamais imaginé posséder. Exemples ?
Exemple 1 :
Rencontrer l’auteur, la star au Salon du Livre, échanger calmement, faire signer son bouquin, glisser le questionnaire dédié, faire un peu d’esprit, sourire, prendre même une photo, saluer et s’éloigner… Tourner à droite après le stand, faire 10 mètres et huuuuuuurler un « putaiiiin j’y crois pas !!! » qui fait se retourner toutes les personnes autour de vous pendant que vos copines rassurent l’assemblée d’un « non, non tout va bien, désolée ». Bel exemple de dignité en mode : je suis une pro, j’exerce une maîtrise totale et complète sur mes émotions.
Exemple 2 :
Voir entrer, dans un bar où vous êtes avec des FF (oui, je sais je vous en parle des FF, j’ai même promis un article, il arrive 😉 ), ce mâle qui vous a dit il y a moins de 28 heures : « demain soir ? Ah ouais, non j’peux pas je travaille tard ». Le détailler, l’observer, faire un exercice de relaxation rapide et sous les yeux de vos amies qui ont compris en moins d’un quart de seconde qu’il se passait quelque chose : le faire ! Se lever pour aller le saluer (histoire d’être sûre qu’il ne fasse pas semblant de ne pas vous avoir vue), lui balancer votre plus grand sourire, saluer sa pouffiasse, pétasse, son amie et l’observer discrètement. Lui, cramoisi, pris en faute et essayant de se raccrocher aux branches, l’écouter la tête légèrement penchée sur le côté, le laisser ramer en avant, en arrière, avec les bras, sans les bras… Conclure par un geste de la main et un « hum hum, allez bonne soirée, amusez-vous bien » (idéalement glissé alors que le fautif n’a pas fini sa phrase). Rejoindre sa table sans trébucher, comme une princesse, s’assoir et les regarder quitter le fameux bar… Commander un amaretto ou 2, sous les applaudissements de ses copines et les hourras de la foule en délire (bon j’exagère un peu…mais c’est clairement ce qui se passe dans votre tête à ce moment précis !).
Voilà, au quotidien, certains jours, au bureau et ailleurs, on aimerait rester de marbre devant la critique, serein devant l’ennemi, garder l’œil sec face à l’injustice, se contrôler quand on doit imposer ses idées dans une réunion, ne rien ressentir quand celui à qui vous pensez jour et nuit, débarque avec chéri-toute-neuve à son bras.
Parfois on s’en veut à mort de s’être mis en colère en public ou de n’a pas avoir su ravaler ses larmes.
Le ton de la voix est important et il en dit long sur ce qui se passe en nous. Un geste peut vite venir démentir un propos. Et oui, parfois notre corps nous lâche ! On bafouille, on tremble, on s’agite, on devient maladroit, on rougit (je suis moi-même la reine des plaque rouge dans le décolleté !). Il ne s’agit pas d’étouffer nos émotions et de devenir complètement sociopathe mais de les dompter, de les canaliser pour en faire une force. Quand on est contrarié ou en colère, on a du mal à communiquer, à prendre les bonnes décisions. En un mot on peine à rester digne !

Malheureusement, rien n’est inné, va falloir donner un peu de soi et se mettre au boulot histoire de prendre ça comme un talent à cultiver, un capital à faire fructifier. Et du taf il y en a ! Conserver sa dignité c’est maîtriser ses émotions, c’est comprendre les autres, c’est être apte à persévérer dans l’adversité, c’est se connaître au fond ! Quelques pistes :
Etre l’autre : quand on se met à la place de l’autre, quand on fait preuve d’un peu d’empathie pour essayer de comprendre ce qu’il ressent, on arrive à mieux anticiper les situations stressantes et ainsi à éviter les sentiments désagréables. Mieux on arrive à piéger celui qui est en face de nous en lui retournant ses propres émotions en pleine figure, en le mettant face à ses faiblesses C’est moche… mais qu’est-ce que c’est bon !
Affronter ses émotions et les décoder : est-ce que je suis en colère uniquement parce que ce collègue n’a pas prévenu d’un contre temps ou étais-je contrarié avant ça ? Quand on connait l’origine d’une émotion il est plus facile de la dompter.
Sourire, quoi qu’il arrive : c’est tout bête, mais on a souvent tendance à l’oublier le sourire, c’est mieux qu’un slim, ou une putain de paire de talons. Même si vous ne vous sentez pas prête, souriez…juste parce que vos ennemis détestent ça.
Arrêter de pleurer pendant des jours et des jours : Oui on peut avoir de bonnes raisons d’être triste et il y a plein de situations qui nécessitent qu’on décharge notre tension intérieure par des pleurs. On peut être ultra émotionnelle mais on l’est une bonne fois pour toutes, sinon ça recommence encore et encore et on finit par se retrouver avec un teint pourri, les yeux d’un cocker qui a une conjonctivite et une voix chevrotante.
Prendre soin de soi : on se sape correctement voire mieux encore, on se maquille, on se coiffe. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais celles qui sont en train de souffrir d’amour en ce moment même voient très bien de quoi je parle. Voir sa tronche en jachère, ses cheveux en bernes et son corps de rêve dans un legging pourri et un tshirt informe à chaque fois qu’on passe devant un miroir c’est moyen moyen pour se rebooster !

Serrer un peu les dents : résister pour de vrai, prendre sur soi, ça a du bon. Si au départ on n’y croit pas, on a l’impression de se mentir, au final la dignité qui émerge de tout ça peu à peu vous remet dans le droit chemin et remet même en route votre GPS vers le mode « je vais bien ».
Faire le ménage dans ses appareils connectés : ne pas l’appeler, surtout pas, ne pas envoyer de message, de mail, ni même de pigeon voyageur. A ce propos, Napoléon disait : « En amour, la seule victoire, c’est la fuite. » (mais si on peut l’adapter à toutes les situations cette citation ! ). Si on a peur de craquer, on supprime ce p***** de 06 (ou 07) de son téléphone définitivement (quitte à confier le numéro à une copine le temps d’aller mieux). Parce que, conseillée par l’alcool, la tristesse…on risque d’envoyer un message ou de laisser 35 appels en absence et conseillée par la nuit qui suis on risque de regretter ça rapidement ! Oui, il faut être forte.
On fait attention aussi aux réseaux sociaux. Non, on ne se sert pas de son compte pour aller espionner ses nouveaux ennemis ! C’est nocif parce qu’on s’aperçoit qu’ils continuent à vivre, à sortir, à rire, … Pour ça même solution que précédemment si on sait qu’on n’arrivera pas à gérer les fouilles de profil ou les like en rafale : utiliser la suppression de la liste d’amis. Oui c’est rude mais c’est surtout (souvent) irréversible alors on réfléchit en amont !
Utiliser le « mode ours en hibernation » : parfois il est nécessaire. Tel un animal blessé, vous vous planquez pour souffrir… oui bon ok…vous n’avez surtout pas envie que les autres vous balancent à qui mieux mieux conseils, astuces, expériences pathétiques. Vous voulez juste faire en sorte de prendre ça un peu dignement, au moins de loin et pas forcément d’avoir une amie compatissante qui vous tend un kleenex dès que vous reniflez. On peut avoir un besoin d’instrospection, de repli… et surtout la grande conscience que les plaintes de vos proches vont plus vous emmerder qu’autre chose… alors qu’on ne met en doute à aucun moment leur sincérité.
Je peux comprendre que certains aient besoin au contraire d’en parler pour se soulager sous peine de pétage de plomb, moi c’est le contraire qui me fait disjoncter… chacun sa thérapie… alors si on veut en parler on fait en sorte de la faire correctement.
Eviter de s’épancher et de tout raconter à tout le monde et de bassiner tout son entourage avec ses problèmes. Ce n’est pas pour ça qu’il faut essayer de « gérer en interne » si on ne s’en sent pas capable. Mais on garde ça pour nous et on déversera le moment venu sur la copine-victime du jour. La raison est simple : en différant votre épanchement, votre rancœur et tout ce que vous voulez encore, vous allez vous apaiser. Au calme, loin de l’origine de votre mal être, des idées plus sereines surgissent et tout doucement vous vous reprenez. Si vraiment vous ne pouvez pas attendre, faire en sorte d’en dire le minimum, ne pas essayer de donner trop de détails, tout cela sera biaisé et vous allez le regretter, c’est sûr.
La dignité finit toujours par revenir, parfois ça prend plus de temps que prévu, parfois on passe par une quantité incroyables d’étapes et parfois en repensant à ce qui nous a fait plonger, en le regardant autrement, avec plus de philosophie on remonte tout seul en se disant « punaise, en fait c’est le meilleur service qu’il/elle/on m’ait rendu ».