Nostalgie de l’enfance

enfant qui grandit

Le promesse du dernier bébé m’est tombé dessus, un jour comme ça, presque d’un coup. Quand enfant2 n’avait même pas 2 ans et que dans la même semaine, j’ai revendu à une collègue la poussette, la nacelle, l’écharpe de portage qui avaient promené mes deux enfants, quand enfant2 est passée au grand lit et est devenue propre d’un coup.

Le vrai deuil du dernier bébé m’est tombé dessus lui après une opération, LA grosse opération. On  devait m’enlever cette nursery (blague de gygy : « hey je vous enlève la nursery mais je vous laisse la salle de jeux, hein ?! ahahah » ) ; l’affaire était faite, je n’avais plus à m’interroger, à douter, à me questionner.

Bref adieu lit à barreau, couches, lingettes…  J’ai gardé, par pure nostalgie je l’avoue, un biberon, juste un. Pas en modèle, non non, pas en exposition sur une étagère…Dans ma cuisine, c’est précis ces trucs-là pour mesurer des liquides et je vous assure que c’est bien plus précis qu’un verre mesureur. Marrez-vous ! Je suis persuadée que quelque part dans vos placards traîne un bonnet, une toute minuscule paire de chaussures ou de chaussettes.

Je n’ai plus de bébé à la maison, je ne peux que me résigner, des questions se bousculent, est-ce que j’ai bien fait, est-ce que je ferai différemment ? En tout cas je suis fière de ce qu’elles sont. Pas triste, juste fière. Par contre, je comprends aussi ces mères qui sont tristes.

 

Est-ce vraiment de la tristesse ? je ne crois pas… Il faut être capable de faire la nuance… Ce dont il est question c’est de mélancolie et de nostalgie. Ce ne sont pas des émotions nécessairement tristes mais l’enfance est très courte sur l’échelle temporelle d’une vie et ce sont des moments qui sont particulièrement attendrissants. On reçoit le plein amour de ceux qu’on aime nous aussi le plus au monde.

Parfois, j’ai un petit pincement au cœur en repensant quand elles étaient toutes petites et qu’elles dépendaient entièrement de moi. Aujourd’hui que je vais chercher mes enfants à l’école (ce qui arrive tout au plus une fois par semaine), à peine enfant2 récupérée que enfant1 arrive vers moi en courant et me balance un : « Salut, j’suis là ! Je rentre à pieds avec Laura »… En grandissant, les enfants se tournent plus vers leurs amis.  Chez moi ça a été aussi la fin des grandes démonstrations de tendresse et de moments mignons.

C’est qu’il n’y a aucun retour en arrière et ces moments sont uniques…et courts!

principes éducatifsOn donne d’abord des racines puis des ailes à nos enfants pour leur permettre de prendre leurs envol dans ce monde… Mais… Je sais que je ne retrouverai plus jamais ses petits moments si délicieux de l’enfance et je sais que d’autres petits délices viendront combler mon cœur dans le futur.

Je ne suis pas triste de voir mes filles grandir. Elles poussent en beauté, elles sont belles, je râle mais je suis fière et  il va y avoir plein de moments magiques encore. C’est aussi de l’égoïsme,  ça nous montre que le temps passe si vite , que l’on vieillit et qu’ainsi va la vie!

Une nostalgie, c’est ça, précisément .

Ce sont des moments qu’on aimerait immortaliser dans le temps, tout en étant conscient que ce qui les rend précieux est principalement le fait qu’ils ne durent pas toujours. Chaque étape de leur vie que nous accompagnons, nous avons certains deuils à faire, qui selon les gens se manifestent plus ou moins, d’autant plus que ces deuils se mêlent à la joie des nouvelles découvertes et nouveaux apprentissages.

Et cela n’empêche en rien nos enfants de grandir et de s’épanouir malgré ces sentiments contradictoires qui vont et qui viennent…Ils font aussi partie de la vie de parents.

Toujours cette même foutue ambiguïté. Quand ils sont bébés, on en bave tellement (moi en tout cas…), qu’on a hâte qu’ils deviennent plus autonomes, plus « faciles ». Et quand ils le sont, d’autres problématiques surgissent (ma grand-mère disait : « Petits enfants, petits soucis ; grands enfants… ») et on les regarde en se demandant où sont passés nos « bébés ».

J’ai longtemps vogué entre deux eaux. Entre nostalgie du passé, doute – toujours – sur ma capacité à être une bonne maman et culpabilité – désolée – de n’avoir pas su en profiter plus. La mémoire me fait sans doute défaut. À moins qu’elle ne joue justement son rôle qui nous permet de regarder plus sereinement vers le futur ? Malgré tout je crois que j’ai traversé toutes ces étapes avec beaucoup de satisfaction.

Et puis à d’autres moments, je me sens sereine. Je me vois vaquer à mes occupations sans (trop) me préoccuper de ce qu’elles font. Mais aussi prendre mon temps au rayon librairie des grandes surfaces pour regarder les dernières nouveautés, tout en les laissant quelques, rayons plus loin, regarder les jouets. Sans risque de caprices et sans peur de ne pas les avoir « sous les yeux ».

Et je me dis que c’est cool…

De pouvoir partir immédiatement – ou presque – quand on lance le fameux « allez, on y va » .

De pouvoir bouquiner le dimanche après-midi au soleil, en utilisant éventuellement la fameuse menace « si vous venez me déranger je sors les cahiers de vacances ».

De pouvoir veiller le samedi soir avec eux devant un bon film.

D’être chez des amis sans avoir à dégainer forcément lit parapluie, pyjamas, doudous et compagnie.

J’apprécie chaque moment, chaque fois qu’elles font quelque chose de nouveau pour acquérir leur indépendance.

Sentiments, sensations mêlées, entre nostalgie et plénitude (presque, hein, faut pas déconner, j’en bave encore). Comme si, à nouveau, je passais un nouveau cap. Suis-je désormais mûre ? En tout cas, je me vois de plus en plus vieillir, penser à demain d’une autre manière. Oui, je suis nostalgique mais je réalise aussi le chemin parcouru et quelle satisfaction de voir la vie cette expérience. C’est vraiment étrange. J’ai parfois l’impression d’avoir encore 22 ans dans ma tête. Mais mon corps, lui, me rappelle bien son âge biologique. Veiller tard ne me pose pas de souci, par contre le réveil est rude. Boire un peu (trop) est gérable sur le coup, par contre le lendemain : aïe !

Ça à l’air facile tout ça,  n’est-ce pas ? Vous sentez comme je gère cette période mieux que quiconque ? Vous savez pourquoi ? Parce que même si nos enfants sont très différents, avoir vécu une période avec l’un vous donne un aperçu de ce que ça va donner chez le suivant…

wondermum

Et le problème essentiel est là !

Avec enfant1 tout a été assez facile jusqu’au jour où je me suis aperçu qu’on (oui, on = elle et moi…ou l’inverse) rentrait dans une préadolescence précoce (ça fait beaucoup de « pré », non ?!). La prise de conscience s’est faite brutalement alors qu’elle finissait son CE2, alors que j’allais la récupérer toute guillerette à un anniversaire. Dans le hall d’entrée de la structure de sport (ahhhh oui, oubliez les anniversaires dans le salon, à jouer aux chaises musicales autour de la table basse… ce jour-là ils venaient de faire du quad et de l’accrobranche ! ), je croise une maman qui me dit :

  • Ils sont tous en naaaage, d’ailleurs ta fille est en débardeur ! Dis-donc ça pousse !

Je réponds naïvement (oui, la mère de préado précoce est naïve)

  • Oh la la la oui, elle a pris 5 centimètres en 2 mois !
  • Non, non j’veux dire, ça pousse (en mettant les mains en coupe au niveau du haut de son corps)

  • ???…….!!!!!

  • Oui, ‘fin tu vois elle a les « gougouttes » qui poussent !

Cri d’effroi intérieur ! Qui utilisent encore le terme « gougouttes » au 21e siècle ? Quelle personne censée peut me parler des ****** de ma fille ?!

Ma fille, mon bébé… Nous voilà à l’étape que j’ai craint longtemps…l’adolescence. Le moment où vos enfants commencent  piocher dans votre garde-robe : « hey, m’man, je t’ai pris un débardeur noir pour la danse, le mien est j’sais pas où ! « . Celle où ils reviennent d’un shopping chaussures avec exactement la même paire que la vôtre : « hey, t’as vu, trop cool !! Plus qu’une taille et je pourrai prendre tes bottes ! « . Cette période où…où… vos filles réclament des sous-vêtements que vous pourriez porter : brassière et shorty…et qu’elles trouvent facilement leur taille en plus.

Cette étape où à chaque jour qui passe c’est une journée de plus vers le moment où nous verrons notre enfant se diriger parfois vers des choix que nous n’approuvons pas, vers des chemins où nous nous sommes aussi blessés.

Je suis triste de penser qu’un jour ma perle sera un être ingrat (crise d’adolescence oblige) et qu’elle croira que je ne connais absolument rien à la période par laquelle elle passe. Ma mère lève encore les yeux aux ciel quand elle parle de MON adolescence, si elle savait à quel point j’ai été sage en comparaison de mes copains / copines de l’époque, à quel point j’ai été docile…

 

 

Le temps se sera écoulé sans que vous vous en rendiez compte. Les empreintes des doigts sur les murs apparaissent de plus en plus haut. Puis soudain disparaissent.

-Dorothy Evslin

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