J’aime les livres depuis… depuis toujours.
Quand j’étais enfant dans chaque endroit disponible mon père déposait ses livres : des livres de tous azimuts, des romans, des documentaires, des westerns, des thrillers, des livres d’histoire.
Pour moi, c’est dans l’odeur d’un livre que se lit son histoire
J’aime l’odeur et le toucher du papier.
L’odeur du papier ! J’adore ! Si il est ancien, je le manipule avec délicatesse et aime imaginer les réactions des lecteurs précédents, leur vie, leurs sentiments… Quand il est neuf, je le regarde, je le respire et j’attends toujours un moment avant de l’ouvrir…
Quand j’évoque mes souvenirs d’enfant dans les bibliothéques, chez le bouquiniste où m’emmenais mon père, me vient en premier l’odeur particulière des livres. Je disais souvent ça sent « le vieux » ! Aujourd’hui j’ai encore cette odeur, ma madeleine à moi, la richesse qu’offre notre mémoire olfactive.
Oh que j’aime aussi ces odeurs de vieux livres, la fragilité des pages que l’on ose tourner et les diverses signatures laissées pas des lecteurs infinis.
Ce sont ceux là mes préférés !
J’aime les livres anciens qui m’interrogent sur leur passé, et les livres neufs pleins d’espoir! Je vis cette osmose un peu indéchiffrable où souvenirs et attente se mêlent.
J’aime le côté vivant du bouquin dont on a plié le coin d’une page, dans lequel on a surligné quelques lignes ou annoté quelques pensées.
Il m’arrive souvent de relire d’anciens romans et ça m’amuse toujours de retrouver mes petits commentaires… et c’est intéressant quand il s’agit d’un livre hérité de quelqu’un.
Un livre dont on souligne des passages… c’est un peu de notre histoire qu’on écrit… J’ai pour ma part des livres gribouillés, des phrases-guides, des pages-boussoles, pour y revenir, histoire de ne pas perdre le fil à chaque page que je tourne.
Dans les livres qui me marquent vraiment, il y a plein de phrases soulignées .
J’aime les refeuilleter pour y retrouver des sources vives…
Un livre annoté par quelqu’un qui nous était cher, c’est un cadeau inestimable.
Ou, plus simplement,
Je suis très touchée quand on me confie un livre annoté et moi aussi je me demande parfois pourquoi j’ai souligné un mot ou un passage il y a des années.
Je n’aime pas prêter mes livres non pas parce que j’y souligne ou y écris dedans mais parce que je crains qu’on ne me les rende pas (et c’est très fréquent) et que relire un texte où les marges sont pleines me permet de me rendre compte à quel point j’ai changé…ou pas.
Il respire le vieux papier, cette odeur un peu moisie qui attire et écœure à la fois. Il contient toutes les poussières déposées par la vie, ainsi que les secrètes espérances ou les vieux chagrins d’anciens lecteurs, qui se sont autrefois accrochés aux mots, recroquevillés dans un fauteuil à bascule, ou réfugiés dans le chaud d’une couverture de laine.
Il y a des livres comme ça qui racontent deux histoires…
D’abord l’histoire qui se lit dans le livre, tout au long des mots qui courent sur le papier usé.
Et puis l’histoire de ses lecteurs, qui se devine au travers des taches diverses et indéfinies, (café, chocolat…) et au travers de ses petites ou grandes déchirures (pages cornées, couvertures abimées…)
Il y en a même qui gardent pour toujours la trace de quelques larmes, déposées là dans l’émotion d’un moment. Ou la trace de deux ou trois sourires qui ont ensoleillé l’âme de tous ceux qui, au fil des mots dévorés, ont rêvé d’autres mondes, d’autres univers, ont plongé pendant des heures dans des histoires insolites…
J’aime les livres qui sont passés dans mille et une mains et qui m’apprennent au détour de leurs pages que tel passage souligné a marqué un homme ou une femme qui sans doute me ressemble. je cherche aussi et essaie de comprendre ce qui a frappé le lecteur qui m’a précédé…et souvent (pas toujours, mais souvent) ce qu’il ou elle a souligné me parle étrangement, ces passages soulignés dont je cherche parfois à rechercher la signification… un auteur souvent lu ressuscite des émotions encloses, y compris je crois, celles d’inconnus qui y ont laissé leur trace.
Il m’arrive d’acheter des livres sur des sites d’enchères ou d’occasion. Certains sont annotés, je trouve que cela leur rajoute un surplus d’âme. J’ai eu pendant une longue période cette manie de mettre des tas de post-its dans mes livres. Pour ne pas oublier tel ou tel passage. Mais je me refuse à corner. Mais je garde un profond respect pour le livre en tant qu’objet, symbole.
J’aime aussi ce parfum-là et le fait de pouvoir m’imaginer que le livre que je tiens religieusement dans les mains ait pu avoir une vie plus chargée que la mienne …
J’aime les vieux livres et j’aime aussi les nouveaux, les tout frais, ceux qui sortent tout droit de la librairie (et je pousse le vice à toujours choisir celui qui est tout en dessous de la pile, pour être sûre que tout le monde ne l’a pas tripoté). Je ferme les yeux et je sens encore l’odeur d’un livre de grammaire tout neuf en primaire, c’était rare les livres neufs !
Oui j’aime aussi l’odeur du livre neuf, sentant bon l’imprimerie. Son aspect aussi, impeccable bloc de mots attendant la rencontre avec des mains complices.
J’aime les livres neufs : ils sentent la promesse d’une lecture palpitante ou réfléchie, et dont je serai la première lectrice. J’aime infiniment l’odeur du papier vierge, que je respire à chaque page tournée (ou presque).
Mais ce que je préfère par-dessus tout, c’est les livres que l’on me prête parce que l’histoire plaisait et que l’on veut la partager !
Mais, même si on me prête des livres, je ne suis pas un rat de bibliothèque. En fait, je déteste prendre des livres dans les bibliothèques parce qu’une fois lus, j’aime qu’ils m’appartiennent, j’en prends possession, ils sont miens, jalousement miens, éternellement mien, dans mon âme, dans ce qu’ils détiennent et retiennent. Lorsque je lis un livre, il est à moi.
J’AI BESOIN de posséder ceux qui me plaisent, pour m’y replonger sans doute, pour le souvenir, c’est sûr… parce que je les aime, assurément.
Mes livres sont à moi, ils deviennent moi, ils portent mes marques et je n’aime pas y retrouver les marques qui ne viennent pas de moi, qui ne me rappellent pas m’être attardée sur un passage, qui ne me disent pas « tu te souviens, ici tu as été émue » ou bien « tu t’es bien marrée » ou encore « tu es restée si longtemps sur cette page, pour mieux t’en imprégner ».
Je suis incapable de jeter un livre et je peux garder ceux de mes êtres chers jusqu’à la fin de mes jours.
Il devient un objet d’amour duquel il m’est impossible de me séparer. Toute ma vie, je voudrais le garder auprès de moi, comme relique sacrée, comme une bible, j’ai plein de bibles. En fait, les livres sont des moments de ma vie, quels qu’ils soient, ils représentent des instants précis, des besoins, des liens, des rêves, des soutiens, des rencontres, des rires ou des larmes.
Les livres dont mes enfants ne veulent plus, je les donne aux mômes du foyer d’accueil avec lesquels je bosse. Remarquer un enfant en train de parcourir un petit bouquin qui a appartenu auparavant à ma fille et qui le distrait à son tour, ça fait drôlement plaisir…
Et que j’aime voir mon histoire littéraire dans ma bibliothèque. Je range par thème et, par exemple, ça me permet de voir en un coup d’œil que les livres de filles et les romans qui font du bien commencent à rattraper les classiques… preuve de mon addiction du moment.
J’aime le fait de voir, grâce au volume de papier dans mes mains, la progression de ma lecture.
J’aime avoir toujours un livre dans mon sac…et la moindre miette de temps est bonne pour m’y plonger…
J’aime aussi les couvertures de livres. Il y en a que je trouve vraiment jolies.
J’aime prendre au hasard un vieux livre, hérité de je ne sais plus qui, ou cueilli je ne sais plus dans quelle brocante. Si vous adorez chiner, si vous aimez les livres anciens qui ont vécu, si entrer en possession d’un roman qui a déjà appartenu à quelqu’un ne vous fait pas peur, si vous vous enivrez de l’odeur particulière que dégage un vieux livre, alors filez chez votre bouquiniste préféré plus vite que ça !
Vous y trouverez de tous les styles, à différents niveaux d’usure, mais surtout à tous petits prix ! Des classiques aux contemporains, des livres de poche aux éditions plus prestigieuses, vous trouverez de tout ! Mais ça c’est une autre histoire, une autre aventure qu’on espère vous raconter bientôt.
Lire est toujours une aventure.
Tout comme écrire…écrire aussi, OUI cent fois oui
Les mots que nous lisons, ceux que nous écrivons, nous cueillent au passage, parfois même à notre insu…